Après quatre tentatives ratées, l'ARP a réussi à élire un président pour l'Isie, en la personne de M. Mohamed Tlili Mansri, qui a réussi à récolter 115 voix, et ce malgré des irrégularités qui ont retardé l'annonce des résultats. Il devance ainsi Najla Brahem (49 voix), Anis Jarboui (5 voix), Farouk Bouasker (0 voix) et Anouar Ben Hassen (0 voix). Tout avait pourtant mal commencé en raison d'une irrégularité lors du scrutin. En effet, à quelques minutes seulement de la fin du vote, le député Hassouna Nasfi a pris la parole pour dénoncer le double vote d'au moins un député. C'est alors que l'élue Leila Ouled Ali demande la parole pour expliquer qu'elle a, à titre personnel, voté à deux reprises. "Alors que j'étais en formation à l'académie parlementaire, j'ai reçu un sms à 14h me demandant d'aller voter, je suis donc revenue à la salle plénière, peu avant 16h00, pensant qu'il s'agissait du vote pour le deuxième tour, j'ai donc voté encore une fois". Un aveu qui jette un froid sur l'hémicycle, au moment où la commission de tri avait commencé le dépouillement. Le président de la séance décide contre toute attente de suspendre l'opération. Les députés crient ensuite au scandale, avant de prendre la parole un à un, dans un grand brouhaha, et chacun a essayé de trouver, à sa manière, une sortie de crise. Tous en revanche s'accordent à dire que la députée Leila Ouled Ali n'aurait pas pu voter intentionnellement à deux reprises. Majorité et opposition estiment que la députée a effectivement pensé qu'il s'agissait du vote pour le deuxième tour. «Moi aussi j'ai reçu le même Sms et j'ai pensé qu'on votait pour le deuxième tour et j'ai failli aller revoter», déclare la députée Sabrine Goubantini. Tous, également, font porter le chapeau au bureau de vote de la commission, qui ne s'est pas aperçu à temps que Leila Ouled Ali avait déjà, une première fois, glissé un bulletin dans l'urne. «Il fallait logiquement mettre une croix devant le nom de chaque votant», lance Samia Abbou (opposition) qui a dû «sentir le parfum d'un jeu politique". La députée de l'opposition demande à ce que le dépouillement reprenne malgré l'irrégularité. «S'il s'agit uniquement d'un seul vote supplémentaire et si ce vote n'a pas une incidence sur les résultats, alors qu'on ne l'annule pas, dit-elle. Dans le cas contraire, il faudrait refaire le vote». Agitations Le député Habib Khedher (Ennahdha) a pour sa part dénoncé la décision du président de la séance Abdelfattah Mourou de suspendre l'opération de tri. «On peut décider de ne pas annoncer les résultats du scrutin, mais on ne peut en aucun cas suspendre le dépouillement», a-t-il expliqué. Le président de l'Assemblée, Mohamed Ennaceur, après une réunion avec les présidents des groupes parlementaires s'est rangé derrière l'idée, et a ordonné la reprise du dépouillement sans proclamation des résultats. Habib Khedher a estimé que l'agitation de certains élus émane de leur volonté de voir échouer encore une fois le scrutin. «Il y a des gens qui ne souhaitent plus que des élections se tiennent», a-t-il fait savoir sans préciser lesquels. De son côté, le bloc parlementaire de Afek Tounès a exprimé son refus de cautionner l'opération de vote. Pour Rim Mahjoub, présidente du groupe, l'ensemble de l'opération doit être annulé. Depuis plusieurs mois, le Parlement tente vainement d'élire un président pour l'Isie, faute de majorité en apparence. Les groupes parlementaires majoritaires ont effectivement échoué à se mettre d'accord sur un candidat consensuel. Hier, il semble que la volonté de la présidence de l'Assemblée et de certains groupes parlementaires était de faire jouer «la démocratie» en permettant un vote massif, qui aurait permis de départager les candidats. De plus, Nida, Ennahdha et l'UPL s'étaient, selon certaines informations, entendus pour donner leurs voix à Mohamed Tlili Mansri. Pour pallier l'éternel absentéisme des députés, la commission avait décidé de prolonger l'opération de vote jusqu'à 16h, mais certains députés, comme Leïla Ouled Ali, n'avaient pas eu vent de cette «prolongation». En début de séance, plus de 90 élus étaient absents, et le vote, lui, n'a pu être entamé qu'à partir de midi. Finalement, les présidents des groupes parlementaires, à l'exception du Front populaire, décident de retenir la solution proposée par le député Hassouna Nasfi, consistant à retrancher une voix au candidat qui aura le plus grand nombre de voix. Mohamed Tlili Mansri est donc désormais président de l'Isie. Il aura la lourde tâche de s'imposer au sein du conseil dont certains membres ont plus d'expérience que lui.