Enfin, la voix qui semble sortir du néant est venue pour rappeler à tout le monde que ce qui est en train de se tramer contre le système éducatif ne peut plus continuer. Cette voix est celle d'un des piliers de l'enseignement, à savoir le corps des inspecteurs. Lors des polémiques et des bras de fer persistants entre deux syndicats qui se sont, carrément, substitués aux autorités et se sont arrogé les prérogatives exclusives du ministère de l'Education, les inspecteurs ont été relégués au second plan, voire écartés du débat national. Aujourd'hui, il semble qu'ils ne veulent pas être les dindons de la farce. C'est pourquoi ils ont, à travers un communiqué publié hier, fait entendre haut et fort leur voix. «Rien ne se fera sans nous» Ils ne pouvaient pas rester les bras croisés devant ce que le Syndicat général des inspecteurs de l'enseignement secondaire (Sgies) qualifie de «violation des droits de l'élève tunisien à un enseignement équilibré». En même temps, le Sgies exprime son étonnement devant les mesures prises dernièrement concernant la modification des calendriers des devoirs et des vacances, estimant que «l'improvisation dans l'élaboration des systèmes des vacances, et du contrôle continu ne peut être résolue que par des décisions recourant à des critères scientifiques, pédagogiques étudiés et prenant en compte le principe de l'équilibre entre l'apprentissage et les étapes d'évaluation et non l'équilibre entre les deux semestres». Cet appel qui vient du tréfonds de l'âme, même s'il vient un peu tard, est de nature à remettre les pendules à l'heure et rappeler à ceux qui président aux destinées de notre système éducatif la nécessité de «défendre l'école publique et le système éducatif qui ne cesse de s'effondrer et de choir». L'enjeu est de taille. C'est ce qui a poussé le Sgies à monter au créneau et à «se constituer partie civile» en vue de plaider une cause qui semble leur échapper. Il serait urgent, selon les inspecteurs du secondaire, de poursuivre les discussions relatives à la réforme du système de l'enseignement sur la base d'une vision plus globale au lieu de recourir aux rectifications des erreurs par le biais de mesures plus flagrantes. Détérioration du système éducatif Le communiqué des inspecteurs a été l'occasion pour ce corps professionnel d'exprimer sa position et ses points de vue concernant tout ce qui touche aux questions pédagogiques et scientifiques. D'ailleurs, il n'a pas manqué de souligner que «le fait d'exprimer ses vues sur les questions pédagogiques, la cadence des apprentissages, le temps et leur répartition sur toute l'année relève, exclusivement, des prérogatives du secteur de l'inspection pédagogique. C'est prévu par leur statut et légitimé par leur expérience la somme de connaissances dont ils disposent. Aussi, leur consultation, à chaque fois qu'il y a des mesures décisives à prendre, est un impératif d'autant que cela concerne des milliers d'élèves. La désapprobation des décisions précipitées et non étudiées est sans appel de la part du syndicat des inspecteurs. Ces derniers dénoncent les mesures inappropriées et leurs conséquences néfastes et en font endosser la responsabilité à leurs auteurs. Parmi les impacts, on cite la poursuite de la baisse du rendement du système et la transformation de la réforme en une tentative absurde de reconduire une politique éducative défaillante.