Un débat très politique. Très peu de députés ont discuté du budget à proprement parler, les interventions s'étaient transformées en réquisitoire contre la Troïka et sa gestion des affaires religieuses au lendemain de la révolution « Nos moyens sont limités pour pouvoir contrôler le discours dans les 5.817 mosquées et lieux de prière de la République », regrette Ahmed Adhoum, ministre des Affaires religieuses La discussion du budget du ministère des Affaires religieuses hier à l'Assemblée des représentants du peuple a été l'occasion pour les uns et les autres de se positionner politiquement à l'hémicycle sur la question religieuse. Très peu de députés ont discuté du budget à proprement parler, les interventions s'étaient transformées en réquisitoire contre la Troïka et sa gestion des affaires religieuses au lendemain de la révolution. Le ministre des Affaires religieuses, Ahmed Adhoum, a fait du mieux qu'il pouvait pour éclairer l'opinion publique sur la situation de son ministère qui souffre, en dépit de la hausse de son budget, d'un manque de moyens, compte tenu de sa responsabilité dans la vulgarisation des préceptes religieux et la lutte contre le discours de la haine. «Je vous plains, M. le ministre, lui lance Chafik Ayadi, député du Front populaire. Vous payez les pots cassés de la politique de vos prédécesseurs». La gauche et certains élus de Nida Tounès ont rappelé que la Tunisie avait, à une époque non lointaine, «ouvert ses portes aux prédicateurs de l'excision». Mais très vite, le débat devient tendu, surtout lorsque certaines interventions viennent critiquer les comportements de certains fidèles. «Ils utilisent à outrance l'eau et les climatiseurs pendant l'été, vu que les responsables des mosquées ne respectent pas les horaires d'ouverture et de fermeture. Pendant le mois de Ramadan, certains font la sieste à l'intérieur de la mosquée», note le député Mohamed Abdellaoui de Nida Tounès. De son côté, l'élu d'Ennahdha, Mohamed Ali Bedoui, a appelé au respect des fidèles et mis en garde contre ce qu'il considère comme une stigmatisation de ces derniers. «Il faut faire très attention à ce que l'on dit ! Nous avons 5.000 mosquées en Tunisie, ce qui signifie qu'il y a au minimum quotidiennement 500.000 prieurs dans les mosquées, il faut faire attention à ne pas les offenser». Gestion des pèlerinages et des Omras Pour sa part, la députée nidaiste Asma Abou Al Hana a critiqué la gestion des pèlerinages et des Omras par le ministère des Affaires religieuses. Selon elle, «Montazah Gammarth», l'agence de voyages qui a, depuis, changé de nom, continue de détenir le monopole de la Omra. «Cette situation est incompréhensible, ouvrir le secteur à la concurrence permettrait à la fois d'améliorer les services et d'abaisser les prix», a-t-elle dit. De son côté, le ministre des Affaires religieuses a estimé que cette question était du ressort du chef du gouvernement. Par ailleurs, le ministre a démontré à l'assistance que les moyens de son ministère sont très modestes, tant en personnel qu'en termes de ressources financières. «Nous ne pouvons même pas augmenter les émoluments des imams et des autres cadres des mosquées et nos moyens sont limités pour pouvoir contrôler le discours dans les 5.817 mosquées et lieux de prière de la République. Il a néanmoins affirmé que l'Etat veille à ancrer la doctrine «malékite-ach'arite». Il a notamment précisé que son ministère n'était pas seulement destiné à entretenir les lieux de culte musulmans, mais également à s'enquérir de la situation des lieux de culte chrétiens et juifs. «Nous avons même financé des églises et synagogues», a-t-il affirmé. Il est à noter que le ministère des Affaires religieuses gère 19.721 cadres dans les mosquées, mais 2.637 postes sont actuellement vacants. Voté avec une majorité de 105 élus, le budget du ministère des Affaires religieuses s'établit à 105,305 MD.