Dans le cadre de la campagne orchestrée par le Centre de recherches, d'études, de documentation et d'information sur la femme (Crédif) et sur le thème «La lutte contre la violence à l'encontre des femmes 16 jours... chaque jour», le centre a organisé une conférence pour présenter le rapport d'évaluation sur la campagne de sensibilisation contre le harcèlement dans les moyens de transport public. Cette campagne a été initiée par le Crédif et l'Union européenne avec le soutien de l'Unfpa et en partenariat avec la Société des transports de Tunis (Transtu). Nizar Dellaii, expert dans l'analyse centrale en informatique de gestion, déclare : «L'application "Ballag" est l'idée principale autour de laquelle s'articule la campagne la lutte contre la violence à l'encontre des femmes 16 jours... chaque jour» . C'est une application qui permet de signaler les actes de harcèlement dont les femmes sont victimes ou témoins en précisant le type d'acte, le lieu, la ligne et l'heure, la tranche d'âge et le sexe. Cette application permettra de constituer un mapping du harcèlement dans le transport public (TP) et pourrait devenir un outil d'aide à la décision pour les acteurs politiques, a relevé l'expert lors de la conférence organisée par le Crédif sur le harcèlement dans les moyens de transport public. L'expert en communication Karim Bouzouita a rappelé le slogan de cette campagne «Le harceleur ne voyage pas avec nous» qui a été lancé le 25 septembre dernier par le Crédif et la Société des transports de Tunis (Transtu). Violence dans l'espace public Cette mobilisation vient suite à une étude récente réalisée sur la violence exercée à l'encontre des femmes dans les espaces publics et qui a montré que plus de la moitié des femmes en Tunisie ont subi une forme de violence dans l'espace public. Une femme sur quatre est importunée dans la rue plus de dix fois durant sa vie. Neuf femmes sur dix (90%) parmi celles qui empruntent les transports en commun ont été, au moins une fois, victimes de harcèlement. Le but de cette campagne est de «faire changer la honte de camp». C'est le harceleur qui doit se sentir isolé, marginalisé et «pointé du doigt». Il doit également savoir et comprendre que le temps de l'impunité est terminé. La victime doit se sentir socialement soutenue par la communauté des citoyens. Les citoyens observateurs ne doivent plus accepter et banaliser le harcèlement dans les moyens de transport public. La nouvelle application encourage les usagers à afficher sur leur page facebook le visuel de la campagne comme photo de couverture. Elle aide aussi les victimes à briser le tabou de la violence et du harcèlement car elle leur offre la possibilité de témoigner de leurs propres expériences sur les réseaux sociaux. De son côté, Mme Dalenda Larguech, directrice du Crédif, a déclaré que «la campagne a eu comme point de départ la gare Tunis-Marine. 2.000 brassards et brochures portant la mention "El moutaharach ma yerkebech maâna", qui veut dire "Le harceleur ne voyage pas avec nous", ont été distribués». Agression physique Cette campagne vise, entre autres, à rappeler aux usagers des moyens de transport public les règles du savoir-vivre, notamment le respect d'autrui et à empêcher les usagers malintentionnés de commettre un acte d'agression envers les femmes et les jeunes filles dans les bus et les métros. La Transtu a déjà habillé ses bus, tapissés de l'extérieur et de l'intérieur du slogan de cette action, écrit en rouge et blanc. Le traitement médiatique de la campagne fut globalement positif. Les journalistes et les animateurs ont été sollicités à jouer le rôle d'ambassadeurs de ladite campagne afin d'en diffuser le principal message auprès du grand public. Donc, le Crédif lance un appel pour porter le brassard de la campagne, l'un des objectifs de la campagne étant de briser le silence et de lutter contre le sentiment de culpabilisation ressenti par les femmes victimes d'agression. Au cours de cette campagne, le témoignage d'une jeune femme victime d'une agression dans le train a été largement diffusé par les chaînes de télévision publiques et privées. L'impact de ce témoignage fut très important.