«Le harceleur ne voyage pas avec nous», c'est le slogan de la campagne. Le Centre de recherches, d'études, de documentation et d'information sur la femme (Crédif) et la Société des transports de Tunis (Transtu) lancent le 25 septembre la campagne de lutte contre le harcèlement dans les moyens de transport public. Cette mobilisation vient suite à une étude récente réalisée sur la violence exercée à l'encontre des femmes dans les espaces publics et qui a montré que 53,5 % d'entre elles ont été exposées au moins une fois à la violence et au harcèlement dans un espace public. L'adoption, le mois de juillet dernier, de la loi intégrale sur la lutte contre la violence faite aux femmes, considérée comme une nouvelle victoire dans la lutte pour la consolidation des droits de la femme a été très bien accueillie au sein de la société civile et de la population féminine en général. Selon la directrice du Crédif, cette loi doit être traduite par des actions sur le terrain afin d'entraîner progressivement un changement dans les préjugés, les attitudes et les comportements sexistes et infériorisants à l'égard de la femme et qui la ravalent au rang d'objet sexuel, ce qui se traduit généralement dans l'espace public par des actes qui portent atteinte à son intégrité morale et physique, comme l'ont prouvé les statistiques et les chiffres sur ce sujet. La campagne aura pour point de départ la gare Tunis-Marine où seront distribués brassards et brochures portant la mention «El moutaharach ma yerkebech maâna» , ce qui a pour signification «Le harceleur ne voyage pas avec nous». Cette campagne devra rappeler aux usagers les règles élémentaires du respect et du savoir-vivre dans les moyens de transport public et dissuader les usagers malintentionnés d'agresser ou de harceler des femmes et des jeunes filles dans les bus et les métros. La Transtu a déjà habillé ses bus, tapissés de l'extérieur et de l'intérieur du slogan de cette action, écrit en rouge et en blanc. Le Crédif a, par ailleurs, mis en place une application qui permet aux femmes qui ont été agressées physiquement ou verbalement ou qui ont été victimes de harcèlement au sein d'un moyen de transport public d'alerter le centre qui,à son tour, se charge de transmettre l'information aux services de la Transtu et les agents sécuritaires. Le recueil de ces données permettra également au Crédif de poursuivre ses recherches et ses investigations sur l'ampleur du phénomène et d'élaborer les recommandations nécessaires permettant le lancement de nouvelles campagnes et l'élaboration de stratégies faisant intervenir toutes les parties concernées, afin de lutter et de pouvoir un jour endiguer le phénomène de la violence à l'égard des femmes dans les espaces publics.