Par Jalel Mestiri La nouvelle génération du football, celle qui prendra les rênes dans les prochaines années, a grandi à une époque où les réseaux sociaux et la vidéo sont érigés en évidence et elle considère déjà la VAR comme un bon outil pour faire encore mieux son travail. Le football est-il aujourd'hui en phase fertile d'innovations techniques ? L'arbitrage vidéo a commencé à être utilisé en football en 2016. Toujours en expérimentation, il n'a été employé que dans certains championnats, en Italie par exemple où son utilisation électrise les débats dans un pays où le football est une religion. Le recours à la vidéo est limité à quatre situations de jeu précises : sur un but marqué, lorsqu'il y a penalty, sur un carton rouge ou pour vérifier l'identité d'un joueur sanctionné. S'il veut faire appel, l'arbitre contacte deux de ses collègues installés devant des écrans. Encensée par les uns, critiquée par les autres, cette nouvelle technique ne laisse personne indifférent. Au centre des critiques, le temps utilisé par le trio arbitral pour visualiser les images et prendre la bonne décision. Un temps jugé beaucoup trop long. Résultat : des temps additionnels interminables et de nombreux temps morts, coupant parfois le rythme des matches. Le recours par l'arbitre de terrain à son collègue installé dans un car-régie pour visionner les actions litigieuses a été accusé de ralentir le rythme du match. Or, ce point est crucial pour l'intérêt du jeu et des joueurs, mais aussi des télévisions et des sponsors qui ont besoin de spectacle pour rentabiliser leurs investissements. La «VAR» (Video Assistant Referee) n'a pas encore dissipé tous les doutes sur son utilisation et son adaptation au football. «De cette façon, la VAR ne me plaît pas. Je pense qu'il faut délivrer les arbitres de ce monstre, le foot n'est pas du water-polo», fustigeait même le gardien de la Juventus, Gianluigi Buffon Mais si ce nouveau système technologique provoque depuis ses premières expérimentations quelques échecs, ses partisans peuvent néanmoins se réjouir d'une réussite globale. Moins de contestations de la part des joueurs, des arbitres mieux respectés et bien entendu un nombre d'erreurs réduit malgré tout. Preuve que l'arbitrage vidéo est loin d'être un échec, le dernier sondage de la «Gazzetta dello Sport» révèle que 79% des fans de football italiens approuvent le système vidéo, jugeant qu'il garantit une certaine «équité». Un plébiscite donc. De quoi calmer temporairement les spécialistes nostalgiques de l'ancien temps, hostiles à cette nouvelle réforme. Au fait, le football aurait besoin d'une certaine maturité de la part de ses différents acteurs. Il faut apprécier cette innovation technique à sa juste valeur et lui donner le temps de bien se mettre en place. Si elle suscite encore tant de réticences, c'est parce qu'elle est encore en rodage et qu'elle aura besoin de patience pour être optimale, tout en étant convaincu qu'elle ne pourra pas corriger toutes les erreurs. Lors de son élection en 2016, Gianni Infantino avait énoncé l'introduction de la VAR au Mondial 2018 comme une évidence. Selon lui, l'Ifab (International Football Association Board), organisme indépendant de la Fifa et seul dépositaire des lois du jeu, allait signer des deux mains l'acte officiel de naissance de la VAR lors de son assemblée générale de mars 2018. Que s'est-il passé pour que les certitudes du patron soient malmenées à ce point ? La première expérimentation en match officiel international, au Mondial des Clubs de 2016, s'est mal passée, avec une valse-hésitation vidéo autour d'un but contesté de Cristiano Ronaldo. Si les quelques matchs isolés ont plutôt donné satisfaction, les expériences menées dans les championnats allemand et italien ont fait l'objet de critiques. La nouvelle génération du football, celle qui prendra les rênes dans les prochaines années, a grandi à une époque où les réseaux sociaux et la vidéo sont érigés en évidence et elle considère déjà la VAR comme un bon outil pour faire encore mieux son travail. Finalement, un minimum d'intervention pour un maximum de bénéfices ? Oui, certainement, mais laissons d'abord l'expérimentation suivre son cours...