«L'interprétation de l'arbitre reste centrale et l'uniformité de jugement reste une chimère, sans oublier que la dynamique d'une action diffère en temps réel et au ralenti». «La tendance va forcément pousser les tenants et aboutissants du football à recourir à l'arbitrage vidéo, à commencer par le Chan où la technologie sera utilisée. Je ne sais pas si le phénomène va se démocratiser. Mais je sais que tous les championnats n'en sont pas au même niveau des tests sur l'assistance à l'arbitrage vidéo. Maintenant, le système a été maintes fois expérimenté. Ici ou là. Cela devrait occasionner des situations inédites, mais aussi atténuer les polémiques, du moins en principe. Pour éviter toute confusion inutile, cette innovation technologique, dont l'apport pourrait bien révolutionner le déroulement du jeu, doit constituer un plus et non créer des polémiques supplémentaires. Je pense aussi sincèrement qu'il faudrait encore attendre un peu pour voir son élargissement à l'ensemble des championnats relevant de la Fifa. En Europe, après avoir autorisé des tests ponctuels, l'on ne semble pas unanime sur l'impact de la technologie. Vous savez, en Occident, l'instauration de la «goal line technology» n'a pas été forcément suivie, du moins dans l'immédiat, par un développement de l'assistance vidéo. Ce qui ne devrait pas remettre la vidéo en cause à l'avenir, les dirigeants français étant convaincus de ses bienfaits, mais préférant temporiser, dans l'attente des résultats définitifs observés. Regardez en Allemagne. On est passé à la vitesse supérieure. La DFB a ainsi confirmé récemment son passage à l'acte. Les matchs sont simultanément supervisés par des arbitres assistants positionnés devant des écrans et susceptibles d'intervenir dans plusieurs cas de figure (but, penalty, expulsion ou mauvaise identification), si l'arbitre principal sollicite leur aide. A contrario, à l'avant-garde dans de nombreux domaines, lorsqu'il s'agit notamment de tester de nouvelles règles, l'Angleterre est un peu à la traîne en matière d'arbitrage vidéo. Seuls de rares essais ont pour l'instant été effectués lors de matches de Premier league. Pour le reste, la Fédération anglaise (FA) pourrait aussi introduire ce nouveau procédé en Cup ou lors de compétitions mineures. «L'Ifab (l'organe indépendant qui régit les lois du jeu) s'est engagée à l'expérimenter pendant au moins deux ans. C'est important d'utiliser cette période pour identifier le meilleur moyen d'utiliser la technologie qui sera la plus bénéfique pour le jeu. Toujours en Europe, mais en Liga, l'assistance vidéo à l'arbitrage n'a pas été lancée car il y a une procédure qui doit être validée au préalable par l'Uefa et la Fifa pour sa mise en application. Enfin, en Italie, ils en sont à la dernière phase expérimentale. Avant cela, il y a eu une ultime phase d'apprentissage, certes dans des conditions réelles et avec des installations opérationnelles, mais pas encore définitive. Celle-ci devrait toutefois permettre de recueillir des données utiles pour son application formelle la saison prochaine». Une fonction appréciative ? Pour vraiment adopter ce rectangle virtuel, il faudra du temps. Il faut savoir qu'un simple geste aussi anodin de l'arbitre (recours à la vidéo) pourrait provoquer des réactions en chaîne et des bourrasques d'émotion. Sur ce, les critiques peuvent être légitimes, d'autres moins. Validité des buts, attribution ou non des penalties et des cartons rouges et échange d'identité sur les jaunes et rouges. Voilà pour le champ d'action de la vidéo. Mais il faut du temps pour calibrer tout cela. Maintenant, le vrai problème pourrait se situer sur la sanction des fautes, qu'il s'agisse d'attribuer un penalty ou de valider un but. Comme le stipulent les directives du board, la vidéo (VAR) doit intervenir sur les cas limpides, or beaucoup de situations de jeu dépendent de l'intentionnalité (notamment pour les mains) et l'intensité du contact. Donc, en conclusion, je dirais que l'interprétation de l'arbitre reste centrale et l'uniformité de jugement reste une chimère, sans oublier que la dynamique d'une action diffère en temps réel et au ralenti.