• Séminaire de réflexion, le 28 octobre à Tunis "Il s'agit de conserver l'eau et le sol, qui constituent les éléments indispensables pour toute production agricole, car on s'est rendu compte qu'il fallait réduire le travail du sol et utiliser un peu plus d'agronomie. Il fallait aussi donner de l'importance et préserver le capital sol et eau dont nous disposons", nous explique Leith Ben Becher, président de l'association pour l'agriculture durable (Apad) en parlant de l'agriculture de conservation (AC). Cette dernière fera, en effet, l'objet d'un séminaire de réflexion nationale qui s'intéressera, entre autres, à la place qu'elle est susceptible d'occuper dans le développement agricole. Cette rencontre se tiendra le 28 octobre prochain à Tunis. Le séminaire sera placé sous le patronage du ministre de l'Agriculture et réunira près de 150 invités entre agriculteurs, chercheurs, fournisseurs de l'agriculture et responsables de l'administration. Il aura pour thème: " 10 ans d'agriculture de conservation en Tunisie : acquis et perspectives " avec au programme plusieurs interventions, à l'instar de " Panorama de l'agriculture de conservation", " Le développement de l'AC en Tunisie", "Intérêt économique de l'AC ", " Durabilité des systèmes : efficience de l'eau et fertilité des sols". Ces interventions seront enrichies par un débat général et des ateliers thématiques. A noter que la préparation de ce séminaire a donné lieu à la constitution d'un comité de pilotage, présidé par l'Association pour l'agriculture durable (Apad) en lien avec les deux autres partenaires du Padac que sont l'Institut national des grandes cultures et l'Ecole supérieure agricole du Kef. Un double défi Semis directs, techniques culturales simplifiées, agriculture raisonnée ou encore agriculture de conservation, de nouveaux systèmes de cultures sont élaborés et mis en œuvre depuis des années pour tenter de répondre à ce défi de la durabilité des systèmes agricoles. "La mise en pratique a commencé avec la technique du semis direct et ça s'est élargi à d'autres techniques. Aujourd'hui, les choses ont évolué. L'agriculture de conservation tend de plus en plus à répondre à un souci de durabilité et de préservation de la biodiversité et répond à une attente publique", souligne M.Becher qui relève que cette dynamique de développement, qui repose sur la conservation du capital sol et la valorisation de l'eau, permet de limiter les coûts de production. Partant, elle est susceptible de jouer un rôle important dans le processus de mise à niveau agricole pour les exploitations céréalières et contribuer à la sécurité alimentaire du pays, en limitant les impacts sur les ressources naturelles. Il faut dire qu'à l'heure actuelle, l'agriculture doit répondre à un double défi: produire pour nourrir les générations actuelles et préserver les ressources naturelles pour l'avenir. Le travail du sol est depuis longtemps un moyen permettant d'améliorer l'état structural du sol, de lutter contre les adventices et ainsi d'augmenter les rendements. Toutefois, l'agriculture moderne mécanisée a montré ses limites. Tout cela sans nécessairement réaliser les promesses en matière de sécurité alimentaire. Les pratiques dites conventionnelles et qui sont plutôt intensives peuvent, en effet, avoir des effets négatifs non seulement sur les rendements à long terme, mais peuvent aussi être une menace pour l'environnement. Elles sont, en fait, de plus en plus considérées comme responsables de la dégradation des ressources naturelles. A ces défis s'ajoute celui de l'eau, enjeu vital dans cette région du monde à laquelle nous appartenons. En Tunisie, l'Agence française de développement (AFD) et le Fonds français pour l'environnement mondial (Ffem) soutiennent, depuis une dizaine d'années, la dynamique de développement de l'agriculture de conservation en Tunisie, à travers le financement de structures comme l'Institut national des grandes cultures (Ingc), l'Ecole supérieure d'agronomie du Kef (Esak) et l'Association pour l'agriculture durable (Apad). Actuellement, cette dynamique entre dans sa seconde phase d'investissement dans le cadre du Projet de développement de l'agriculture de conservation (Padac). Cette démarche de développement, soutenue par le ministère de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques, concerne à la fois le développement d'activités de recherche ciblées sur la quantification des effets, le changement de pratique d'un système conventionnel vers un système d'agriculture de conservation, mais aussi des activités de promotion d'un " paquet technologique " auprès d'agriculteurs au Nord et au Centre du pays.