Par notre correspondant en Angleterre Hamadi Ladjemi En direct, à la télé et après le nul (2 à 2) contre Leicester City, José Mourinho, le manager de Manchester United laisse éclater sa frustration et accusa ouvertement ses joueurs de «childish»: enfantins pour avoir laissé échapper la victoire à la dernière minute En Angleterre, rares sont les entraîneurs qui accusent leurs joueurs en public — cela ne se fait pas —, it is not english et encore quand cela arrive d'un grand comme The Special One. Mourinho n'aime pas jouer les seconds rôles. En Angleterre comme ailleurs. De nos jours, il est loin derrière Manchester City; et il sait que les Cityzens ne peuvent être rattrapés. Ils ont une très bonne équipe, de très bons joueurs et des remplaçants de classe internationale. Le message est clair pour les propriétaires du club. Manchester United a perdu du terrain et c'est douloureux pour les fans de voir les voisins faire mieux et s'échapper. Mourinho a été appelé à la tête de Manchester United pour lui redonner sa grandeur d'antan, sa suprématie et le prestige dont jouissait ce club sous Sir Alex Ferguson. Seulement, voilà que le football a changé de camp.Mourinho veut de grands joueurs tels que Gareth Bale du Real, Antoine Griezmann de l'Atletico de Madrid ou même Harry Kane de Tottenham. L'argent n'est pas un problème pour les Mancuniens, mais est-ce que ces joueurs voudraient bien venir et travailler pour lui. Une question qui vaut des millions de sterlings. Pour faire cette grande équipe de Manchester United qui nous a régalé, Fergusson a su attendre. Mourinho n'a pas sa patience. Il doit comprendre que le football a changé. Du temps de Ferguson, le manager anglais décide tout, à lui seul, de l'achat des joueurs, la nature de leur contrat et surtout de leur vente. N'est-ce-pas David Beckam? Là, les directeurs techniques interviennent, les recruteurs ont aussi leur influence auprès du propriétaire. Seul Arsène Wenger reste le seul maître à bord à Arsenal. Une denrée rare. Et pourtant, la saison écoulée et dès sa première année, le Portugais a remporté deux titres: la Ligue Cup et l'Europa Cup. Cela aurait fait le bonheur de plusieurs clubs mais pas à Manchester United. On n'évoque jamais le passé dans les grands clubs. On n'est jugé que par son dernier match. Ce match contre Manchester City perdu (1-2) était une humiliation, jamais Man-United n'a été aussi dominé sur son terrain à Old Trafford. La possession était de 63% en faveur des visiteurs. Ils n'arrivaient pas à arracher le ballon, ils ont subi tout simplement une domination totale qui a fini par une célébration exagérée des joueurs de Manchester City, certes prématurée mais très psychologique. L'histoire est en train de se répéter. Quand José Mourinho était l'entraîneur de Real Madrid, un jeune coach du nom de Pep Guardiola avait commencé au Barça. Non seulement, il a surpris le monde entier du football, en mettant sur place l'une des meilleures équipes de football, mais il a réduit le Real de Mourinho au second plan. Mourinho l'a mal supporté en Espagne et il supporte moins cette nouvelle situation en Angleterre. Silva, l'international espagnol et maître à jouer de Manchester City, vient de déclarer lors d'une interview à la télé où il dit : «Manchester n'a pas de cerveau dans l'équipe.» C'est donc au Special One d'accepter le défi et refaire une autre grande équipe à Manchester; Fergusson l'avait fait à trois reprises. A toi de jouer Mourinho. Les supporters des Red Devils sont habitués aux succès avec style et panache...comme le sont devenus les voisins. En décembre 2015, Mourinho avait critiqué ouvertement ses joueurs de Chelsea, trois jours plus tard, il était viré. Non, je ne crois pas. Mais là, on parle football où tout est possible.