Il vient de terminer le tournage de son premier long métrage «Gadeha» (L'Arc), un film sur l'enfance, comme il sait si bien le faire. Anis Lassoued entame sa postproduction et nous a accordé cet entretien. «Gadeha» (L'Arc) est votre premier long métrage dont le tournage vient de prendre fin. Parlez-nous des conditions de production de ce film. Pour ce premier long métrage, j'ai voulu prendre un maximum de sécurité : à part ma boîte de production et la subvention du ministère des Affaires culturelles, je me suis associé avec l'un des piliers de la production en Tunisie qui est Abdelaziz Ben M'louka. C'est une coproduction mais cela m'a permis de me décharger du côté exécutif du projet pour ne m'occuper que de la réalisation. Cela dit, c'était un film difficile. Je pense que dans l'histoire du cinéma tunisien c'est le premier film dont les cinq rôles principaux sont campés par des enfants. C'est un film sur l'enfance et ses personnages ont un âge entre deux ans et demi et 14 ans. C'est déjà difficile de travailler avec les enfants d'autant plus qu'on a n'a pas l'habitude de le faire dans le cinéma. Cela prend plus de temps en termes de préparation et surtout du côté du dispositif artistique à mettre en place. Pour les enfants, il s'agit d'un jeu et pas d'un film et moi, j'essaie de les diriger ou de les « piéger» suivant le besoin des séquences. J'essaie de mettre un dispositif technique et artistique pour obtenir un résultat précis. Là, je dois avouer que j'ai l'habitude de tourner avec des enfants. C'est mon huitième film avec les enfants et je crois avoir acquis une petite expérience qui m'a permis de réaliser ce long métrage. C'est un film qui a dépassé sa durée prévue en tournage... Cela a duré huit semaines de tournage et je crois qu'il en faut avec les enfants qui demandent presque le double du temps. On a eu quelques plans ratés qu'on a essayé de reprendre à cause des problèmes techniques. Le tournage a eu lieu essentiellement à Hamammet, Nabeul, Dar Chaâbane et Béni Khiar. Quel était votre credo avant de tourner le film ? C'est mon premier long métrage de fiction et je me suis beaucoup investi dedans et j'espère que j'arriverai à finir le film comme j'ai envie de le faire.Mon credo dès le départ c'est de ne pas passer d'une séquence à l'autre avant d'obtenir exactement ce que je veux. Le mot d'ordre était aussi «aller jusqu'au bout avec les enfants». Un film c'est aussi des choix. J'espère avoir réussi tous mes choix. On peut avoir tort sur quelques-uns mais j'assume tous mes choix sur ce film, bons ou mauvais. Le film va me ressembler, tout compte fait. C'est un film qui parle aussi des parents... C'est l'histoire d'un enfant de douze ans qui s'appelle Gadeha. Il se trouve un jour victime d'un accident de voiture. A l'hôpital, sa mère accepte de vendre son rein, à son insu, pour assurer la survie de la famille. Lorsqu'il découvre le secret, sa vie bascule. C'est aussi l'histoire de la colère d'un enfant qu'il n'arrive pas à maîtriser et qui est souvent dirigée contre ses parents. Un mot sur les comédiens... C'est un casting qui a duré une année et demie. J'ai rencontré le rôle principal qui a douze ans, un enfant magnifique qui s'appelle Yassine Tormsi qui a incarné le rôle de Gadeha. Le deuxième rôle est incarné par un enfant qui vient d'une autre classe sociale Zakaria Chiboub. Mais il faut reconnaître que les cinq rôles ne sont pas des comédiens. Le rôle principal féminin (Burkana) est également une femme qui n'a jamais joué et que j'ai rencontrée par hasard. Des comédiens professionnels m'ont également aidé, comme Jamel Aroui, Chama Ben Chaâbane, Anissa Lotfi entre autres. Je pense que j'ai eu la chance d'avoir cette équipe artistique. Une équipe artistique et technique que je remercie autant que CTV services , Lumières film et SVP Mohamed Ben Ali et tous ceux qui ont cru à ce film.