Rendez-vous est pris pour une deuxième réunion la semaine prochaine. Selon les présents à la réunion d'hier, elle devra être celle des propositions concrètes pour sortir de la crise qui s'enlise. Dans ce contexte, l'idée d'un dialogue économique et social est également lancée en vue d'élaborer une feuille de route et de dessiner le futur Alors que la polémique enfle à propos des dispositions de la nouvelle loi de finances, le président de la République Béji Caid Essebsi a réuni hier au palais de Carthage les signataires du Document de Carthage. Hafedh Caid Essebsi (Nidaa Tounes), Rached Ghannouchi (Ennahdha), Mohsen Marzouk (Machrou Tounes), Samira Chaouachi (UPL), Zouhaier Maghzaoui (Mouvement Echaâb), Noureddine Tabboubi (Ugtt), Wided Bouchamaoui (Utica), Abdelmajid Ezzar (Utap), Yassine Brahim (Afek Tounès), Kamel Morjane (Al-Moubadra), Jouneidi Abdeljaouad (Al-Massar), tous ont répondu présent à une réunion qualifiée par certains de «réunion de crise». L'heure au bilan Diffusée en direct sur la page officielle de la Présidence de la République, l'allocution de Béji Caïd Essebsi a attiré 1300 spectateurs, mais la vidéo en direct a été arrêtée par la suite, à la demande des parties présentes. Le chef de l'Etat a tenu à rappeler les conditions dans lesquelles a été élaboré le Document de Carthage et a été mis en place le gouvernement d'Union nationale. Il a estimé que le Document de Carthage était «le dénominateur commun» des partis signataires. Il a, par ailleurs, indiqué que l'Union nationale des femmes tunisiennes (Unft) a exprimé son souhait de rejoindre l'accord. Le président de la République a indiqué hier que la loi de finances 2018 comportait effectivement des dispositions douloureuses mais, qu'en même temps, le gouvernement n'avait pas d'autres solutions. «Le texte a été voté, il avait pour objectif de rétablir les équilibres financiers de l'Etat, a-t-il déclaré. Pour ce faire, il y a eu des augmentations qui peuvent paraître exagérées pour certains. Mais cela a permis à l'Etat, pour la première fois, de ne pas aller s'endetter sur les marchés financiers. Faisant le bilan de ce qui a été fait et de ce qui reste à faire, le chef de l'Etat a rappelé les chiffres encourageants de l'économie à l'instar de la reprise dans les secteurs du tourisme et de l'agriculture ainsi que l'amélioration de la production de phosphate. «Cependant, le secteur des hydrocarbures n'affiche pas de chiffres positifs en raison notamment des troubles des derniers mois», a-t-il déclaré. Avec une croissance de 2,2%, BCE estime que la Tunisie est sur la bonne voie, même si cette croissance n'a pas permis de résorber le chômage (625.000 chômeurs dont 250.000 diplômés) et d'atténuer les disparités régionales. «Bien que la croissance soit de retour, il y a des régions qui restent marginalisées et dans lesquelles il y a aussi de la pauvreté, ce n'est pas un modèle de développement sain. Aucune politique n'est efficace sans contenu social. « Ma bonne relation avec le chef du gouvernement m'a permis d'attirer son attention sur le fait que des efforts supplémentaires doivent être faits», a encore déclaré BCE, tout en reconnaissant que la maîtrise des finances publiques passe aussi par des dispositions «douloureuses». BCE a en outre indiqué avoir reçu de la part du chef du gouvernement «un rapport de suivi des réalisations du Document de Carthage», estimant que contrairement à ce qui peut se dire, «il y a un travail qui est fait». Appel à un dialogue économique et social «Evidemment, nous ne sommes pas toujours satisfaits de ce qui a été fait jusqu'à présent, mais il y a un travail accompli», a-t-il déclaré. Les signataires du Document de Carthage ont en outre demandé au président de la République une deuxième réunion. La réunion a duré plus de deux heures pendant lesquelles les parties ont chacune évalué le travail du gouvernement d'Union nationale. Pour le président du parti Ennahdha, la prochaine réunion, qui devrait se tenir la semaine prochaine, devra «dessiner le futur». «Les mouvements de protestations ont des raisons objectives, il faut que le gouvernement mette à exécution ce qu'il a promis, c'est à dire la distribution de primes aux familles nécessiteuses», a-t-il tenu à dire, tout en appelant au calme. De son côté, Hafedh Caïd Essebsi, le directeur exécutif de Nida Tounès, a confirmé l'ouverture d'un dialogue économique et social. «Les parties présentes à la réunion ont demandé la tenue d'un dialogue économique et social, dialogue auquel nous avons appelé il y a plus de trois mois», a indiqué HCE. Pour sa part, le représentant du parti Al-Massar, Jouneidi Abdeljaouad a appelé à «un nouveau modèle de développement», en précisant que la prochaine réunion sera celle des propositions concrètes. L'Ugtt et l'Utica ont, à la sortie de la réunion, affiché une entente parfaite devant les caméras. En effet, Noureddine Tabboubi, secrétaire général de la centrale syndicale, et Wided Bouchamaoui, présidente de l'organisation patronale, sont sortis en même temps et ont à peu près été d'accord sur le diagnostic. Wided Bouchamaoui a appelé le gouvernement à donner la priorité à l'économie, à la stimulation de l'investissement et à l'encouragement de l'emploi. «Il faut une vision claire et un modèle de développement sur lequel tout le monde doit se mettre d'accord». Même son de cloche du côté de Noureddine Tabboubi qui a appelé à ce que la priorité soit donnée à l'emploi et à l'entreprise. «De même, il faut une politique claire vis-à-vis des couches marginalisées et j'appelle à la révision de certains prix», a souligné Noureddine Tabboubi.