A cause du cahier des charges, le nombre de cafés est en nette croissance dans le gouvernorat de Kairouan. Actuellement, on y compte 598, dont 227 à Kairouan-Ville, 30 à Nasrallah, 33 à Chebika, 41 à Haffouz, 37 à El Hajeb, 77 à Sbikha, 33 à Bouhajla, 20 à Chrarda et 20 à El Ala. Et si beaucoup d'entre eux sont détenteurs de patente, d'autres sont ouverts de façon anarchique, à proximité d'établissements éducatifs ou de lieux de culte, ce qui est interdit par la loi. Mais face à l'indifférence et la passivité des responsables, la plupart des cafetiers continuent à exploiter les trottoirs et les espaces réservés aux piétons, les obligeant à faire plusieurs détours pour arriver à leurs destinations. Mme Ilhem Fatnassi, fonctionnaire, qui habite à la cité El Hajjem et qui doit passer quotidiennement devant trois cafés avant d'arriver à son travail situé en face d'un café, nous parle de son ras-le-bol : «Il faudrait tout simplement appliquer les lois en vigueur. Cela mettra fin à ce comportement irresponsable et nous permettra de circuler rapidement sans supporter les commentaires indélicats de citoyens oisifs et désœuvrés!». Ali Jemmali, jeune chômeur, n'est pas de cet avis : «Je préfère passer de longues heures attablé à la terrasse d'un café dans l'espoir de trouver un entrepreneur ou un particulier qui a des projets de construction. J'en profite alors pour regarder les passants dont beaucoup sont obligés de pousser les chaises pour se frayer un chemin et pour ne pas tomber dans un lieu public!». C'est pour ces raisons que tous les Kairouanais se plaignent de cette anarchie qui porte atteinte à leurs droits, les oblige parfois à marcher sur la chaussée et les incommode avec l'odeur des cigarettes et du narguilé. D'un autre côté, dans beaucoup de quartiers populaires, il existe des garages pour la réparation des voitures et dont les propriétaires n'hésitent pas à occuper les trottoirs avec des épaves de véhicules, des bidons de lubrifiants et beaucoup de détritus. Pourquoi un spectacle aussi désolant alors que des places ont été réservées à Ettaben pour abriter ces garages polluants?