*102 établissements pour 120 000 habitants Kairouan est une ville enchantée. Un endroit de rêve. L'ancienne médina a heureusement gardé tout son charme, avec ses rues, ses ruelles, ses mosquées, ses zawias, l'architecture typiquement musulmane de ses maisons, ses souks, l'animation qui ne disparaît qu'au coucher du soleil. Dans la ville soi -disant moderne, il n' y a ni salles de cinéma (le casino a été démoli) ni salles d'exposition ouvertes à longueur de journée, ni concerts de grande envergure. Sauf quelques rares manifestations culturelles est sportives. Les gens ont donc toutes les raisons de se ruer dans les cafés. Plus de 102 cafés Dans une ville, qui compte 120.000 habitants, il existe 102 cafés environ. Soit un café pour 1180 habitants (les Kairouannaises qui représentent les 60% de la population , ne fréquentent pas les cafés), ce qui constitue un record, cela fait un café pour 470 habitants. Le cahier des charges a facilité, en effet, la tâche des nouveaux cafetiers pour ouvrir ce genre de " boites ". Ce fameux cahier est-il vraiment respecté ? où alors comment expliquer la présence de ce grand nombre de cafés, dont la plupart, ne répondent pas aux normes contenues dans le cahier des charges. Sur la chaussée Les cafetiers ne se contentent pas d'exploiter l'intérieur de leurs locaux et les terrasses taxables. Il empiètent sur la chaussée, et obligent les passants à circuler sur celle-ci. C'est, d'ailleurs là, que les jeunes dont des dragueurs invétérés préfèrent s'asseoir discuter et voir les gens et notamment les filles passer. Il ne faut pas non plus oublier cette catégorie de gens qui fréquentent ces endroits. Il s'agit des retraités qui profitent de leur repos forcé pour feuilleter un journal ou jouer au dominos, ou carrément dormir assis. L'autre catégorie est, composée essentiellement de chômeurs, particulièrement des ouvriers en maçonnerie qui attendent une offre d'un entrepreneur en manque d'ouvriers. Quelques rares cafés bien distingués par leurs emplacements attirent les hommes d'affaires. La haute saison L'été, c'est l'époque de l'année où les cafés battent leur plein. La canicule pousse, en effet, la clientèle à chercher asile sur les terrasses des cafés. Abonnés à des chaînes " satellitaires ", certains cafetiers fixent un écran géant sur la façade de leur café projetant films et rencontres de football pour attirer les clients qui consomment eaux minérales, boissons gazeuses, jus, crèmes, thés et à la joie du cafetier qui incite les serviteurs à multiplier les rondes pour obliger les consommateurs à quitter les lieux. Il fallait se trouver dans cet univers pour rencontrer autant de démesure, le jour comme la nuit. Des bagarres éclatent et ce sont les chaises et les tables et parfois les jeunes passants qui font les frais de la colère de ces écervelés Querelles familiales Dans les cafés, les gens ne calculent pas leurs rencontres. Ils passent leur temps à discuter, à jouer aux cartes et rentrent tard à la maison pour trouver leurs épouses, bien droites devant eux comme de petits coqs hérissant leurs plumes, prêtes à la bataille. Le tort de ces gens, c'est qu'ils ne sont pas rentrés à l'heure convenue et le pire c'est qu'ils ont oublié d'acheter le pain ou le lait pour les enfants.
Sons de cloche Mustapha Houcine (Maire de Kairouan) " Veiller à l'application des réglementations " " Notre but est de veiller au bien être des citoyens et à l'application des réglementations. Les services municipaux opèrent jour et nuit pour améliorer la qualité de la vie dans la ville. Des projets ayant trait à l'amélioration de l'infrastructure routière et à l'embellissement de la ville verront bientôt le jour. D'autres concernant la création des zones vertes sont en cours. A propos des cafés, 83 " autorisations " ont été accordées au cours de l'année 2006. Toutefois, plus de 183 PV ont été rédigés à l'encontre des cafetiers qui ont manqué à leurs engagements et 113 saisies (chaises et tables) ont été effectuées et l'effort continue pour lutter contre les étalages anarchiques. Abderrahman Laâmari (cafetier) " La faute incombe à la municipalité qui n'a pas veillé à l'application stricte des clauses du cahier des charges. En effet, certains cafetiers ne respectent pas l'article 18 de ce document qui fixe à 100m la distance séparant un café d'un autre. Le rôle des services d'hygiène est également important pour la maintenance de la propreté dans ces endroits.
Kamel Bouguerra (président de la Chambre syndicale des cafetiers et vice-président national) " Défendre les intérêts des cafetiers et veiller au respect des cahiers des charges ". " Le rôle du syndicat est de défendre les intérêts des cafetiers et des les sensibiliser au respect du cahier des charges. La Chambre syndicale de Kairouan n'a jamais été consultée à propos de l'ouverture de nouveaux cafés. Certains cafetiers n'ont pas, en effet, respecté le cahier des charges et la commission régionale a proposé à un moment donné la fermeture de six cafés, mais l'application de ses recommandations n'a pas eu lieu. Les cafetiers rencontrent de grande difficultés pour subsister. Les taxes afférentes à l'exploitation du domaine public, les taux d'affiliation et les cotisations aux caisses sociales ont obligé plus de 35% des cafetiers à mettre en vente leur cafés. A titre personnel, mon fils a quitté ses études pour m'aider à subvenir aux besoins de la famille. D'autre part, le pouvoir d'achat des Kairouannais ne leur permet pas toujours de s'offrir des bouteilles d'eaux minérales, des jus de fruits, de la pâtisserie qui sont des produits compensatoires. Encore faut-il inciter les cafetiers à aménager des bibliothèques et des salles de jeu à l'intention des clients et des étudiants ".
A propos des disputes qui éclatent de temps à autres dans les cafés. Je tiens à rendre hommage aux services de sécurité pour la rapidité de leurs interventions chaque fois que le besoin s'en fait sentir. Histoire de cafés • A la place Errahba, non loin de " Bab Tounès ", les cafetiers étalaient des nattes (Hassiras) pour accueillir les clients. • Le premier café dans l'histoire de la ville s'appelait " Café le Roc ", il a ouvert ses portes en 1914 à l'endroit où la salle d'exposition " El Halioui " a pris place et le premier café installé dans la médina appartenait à feu Ali Khadhraoui et se trouvait à la Place Zarrouk non loin du marché des tapis. A noter que quelques rares anciens cafés dont le café Arrak , le café Galbi, le café Barrouta continuent à offrir leurs services dans la Médina. - Hadj Mohamed Sadok Ben Ameur, le doyen des journalistes de Kairouan (comme il aime être appelé) connaît tous les cafés, les noms de leurs propriétaires et l'historique de chaque café (une encyclopédie vivante) - Des habitants dans plusieurs endroits de la ville ont protesté contre l'ouverture de cafés près de leurs habitations. Leurs protestations n'ont hélas pas trouvé d'échos auprès des responsables. - J'aime me rendre dans un café pour rencontrer les amis, jouer aux cartes et discuter mais je n'aime pas habiter près d'un café, disait Ameur D - Ali H, professeur : les cafés ne sont plus comme avant, ils ne sont plus recommandables, là c'est l'odeur du narguilé, la saleté des lieux et surtout les gros mots. Il est préférable de chercher asile dans un coin tranquille, un hôtel par exemple, loin des cafés aussi bruyants que les cours de recréation. - Je fais un détour quand je vois la terrasse et la chaussée occupée par les tables et les chaises, dit Naïla, élève dans un lycée. - Tijani T un éducateur a tout fait pour empêcher, l'ouverture d'un café dont la terrasse l'empêche de conduire sa voiture jusqu'à son garage. Il a loué un garage. Loin de la maison. Il faut signaler qu'à Kairouan, il n'a y pas seulement des cafés qui attirent les gens. Les firnacs ont aussi leurs adeptes dont la consommation (café -thé- narguilé) vient généralement du café le plus proche. Comme dans les cafés, dans les firnacs, on parle de tout... d'une infrastructure routière, inadéquate- du nombre de chômeurs diplômés...dans les cafés... d'une JSK à la recherche de son meilleur équilibre mais aussi d'un scanner multibarettes qui est venu renforcer les équipements sanitaires de l'hôpital, du projet des collines (projet de développement intégré) qui va changer radicalement certaines régions du gouvernorat.
Echantillon Il y a un café situé à l'avenue Beït El Hikma. A 45 mètres, un autre café ouvre- c'est-à-dire en entorse avec l'article 18 qui stipule que la distance entre un café et un autre ne peut être en deçà de 100 mètres. Et, ce café à deux ouvertures : l'une sur l'avenue Beït El Hikma ; l'autre sur la rue du Nil. Donc double ouverture et double " entorse "