Le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Noureddine Taboubi, a déclaré, hier à Tunis, à l'occasion de la célébration du 7e anniversaire de la révolution, que la succession de gouvernements sans l'aboutissement à des résultats concrets, la poursuite des manifestations et la politique d'improvisation donnent aux partenaires étrangers ainsi qu'à l'opinion publique tunisienne une image d'un pays qui vit une véritable crise politique. Taboubi a ajouté que l'expérience de la transition démocratique demeure précaire et que les ambitions personnelles et les intérêts partisans étroits sont, actuellement, les maîtres de la situation. Le responsable syndical a ajouté que cette impression porte énormément atteinte à l'image de la Tunisie considérée comme le seul pays arabe qui a réalisé des réussites et dont l'expérience peut inspirer d'autres pays en phase de transition. Taboubi a indiqué que les mouvements de protestation spontanée organisés au cours des derniers jours pour dénoncer les mesures contenues dans la loi de finances 2018 et qui ont dégénéré en désordre et atteinte aux biens publics et privés illustrent l'échec retentissant des gouvernements postrévolutionnaires et leur incapacité à atteindre les objectifs pour lesquels le peuple tunisien s'est soulevé. L'Ugtt, a-t-i dit, avait mis en garde contre certaines mesures annoncées dans la loi de finances qui portent atteinte au pouvoir d'achat du citoyen et alourdissent les charges fiscales des salariés et des fonctionnaires. Taboubi a mis l'accent sur la nécessité de renforcer les négociations, dans le cadre du contrat social, au sujet des grands dossiers afin d'engager des réformes dans les secteurs en difficulté en raison, a-t-il dit, des mauvais choix politiques tels que la santé, l'éducation, le transport, la protection sociale, la fiscalité... Il a, aussi, appelé à sauver les entreprises publiques en difficulté et de prendre des mesures urgentes en vue de mettre fin à la dévalorisation du dinar et lutter contre la spéculation. Taboubi a mis l'accent sur la nécessité de soutenir toutes les initiatives visant à lutter contre la corruption et à mettre fin aux souffrances des familles des martyrs et blessés de la révolution, appelant, en outre, à bien se préparer aux prochaines échéances électorales. De son côté, l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap) estime que la Révolution pour la liberté et la dignité n'a pas réalisé ses objectifs précisant que l'élite politique n'a pas répondu aux attentes ni aux préoccupations réelles des citoyens. L'Union évoque, dans une motion rendue publique, hier, à l'occasion du 7e anniversaire de la Révolution, l'absence de révision du modèle économique, de réformes structurelles et d'alternative aux problèmes de l'emploi, de l'éducation, de la santé, du transport et des caisses sociales. Elle dénonce l'absence de volonté de trouver des solutions aux problèmes du secteur agricole dont les questions foncières, les circuits de distribution et la crise de l'eau ainsi que les problèmes de la pêche, ce qui a aggravé la «marginalisation» des agriculteurs et des marins-pêcheurs. Le peuple tunisien qui ne perçoit pas encore les effets positifs de la révolution sur son quotidien perd confiance en ses élites qui sont plutôt préoccupées par les échéances électorales. Ce qui fragilise le pays, lit-on dans la motion. L'Union appelle à protéger le pays contre les ennemis qui menacent sa sécurité et sa stabilité, rendant hommage aux institutions sécuritaire et militaire pour les efforts consentis dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme.