Adaptation théâtrale irakienne de «La Cigogne» du romancier palestinien Akram Musallem Dans un monde arabe marqué par les guerres, la perte des repères et les amalgames, le théâtre irakien débarque avec une nouvelle œuvre théâtrale intitulée «Raehato harb» (Parfum de Guerre), mise en scène par Imad Mohamed, adaptée du roman «Iltabassa al amro ala alloklok» (La Cigogne) du Palestinien Akram Musallem, un opus paru en 2015 dans une traduction française. Après avoir été présentée en première par la Troupe nationale irakienne à Bagdad à l'occasion de la Journée mondiale du théâtre, la pièce a été présentée en première arabe, samedi dernier au Théâtre municipal de Tunis dans le cadre de la 10e édition du Festival du théâtre arabe organisé du 10 au 16 janvier 2017 à Tunis. Aziz Khayoun, Awatef Naim et Yahia Brahim est le trio d'acteurs irakiens au casting de cette œuvre réalisée d'après deux scénarios coécrits séparément par le Tunisien Youssef Bahri et l'Irakien Methal Ghazi. Cette collaboration tripartite entre des créateurs d'Irak, de Tunisie et de Palestine fait une lecture de la confusion religieuse, politique et intellectuelle que vivent l'Irak et le monde arabe en général, et s'attaque aussi à d'autres problématiques liées à l'immigration et à l'extrémisme. L'équipe de la pièce a évoqué les grandes lignes et les dessous de cette adaptation basée sur la dramaturgie, tout en intégrant l'aspect numérique qui est exploité au niveau de l'image à travers une matière filmique. Selon Imad Mohamed, metteur en scène, outre l'aspect numérique, la spécificité de cette œuvre réside dans le texte, rédigé par un duo tuniso-irakien, et dans une structure dramatique contemporaine basée sur un ensemble de visions, d'événements et de récits. Plusieurs lignes sur lesquelles se basent la pièce vont de pair avec l'élément numérique introduit dans l'écriture de la pièce et qui fait la particularité du travail de ce metteur en scène. Depuis ses débuts en 2003, ce diplômé de l'université de Bagdad, spécialité de théâtre, a mis en scène treize œuvres théâtrales. Outre les distinctions remportées dans son pays natal, il a notamment été primé, en 2008, au Festival expérimental international du Caire du prix de la meilleure scénographie et celui de la meilleure interprétation pour sa pièce «Tahta essefr» (Au dessous de Zéro). Le texte tunisien de Youssef Bahri, l'a «provoqué sur plusieurs plans: une structure dramatique renouvelée basée sur un ensemble d'idées avec un seul et unique lien qui est la ligne fondamentale de l'œuvre, celle de la confusion». Mais pour ce texte qui s'inspire d'une réalité palestinienne et interfère avec une réalité tunisienne, il a fallu l'adapter à la réalité irakienne. Le texte de l'Irakien Methal Ghazi est venu conforter cette volonté du metteur en scène qui, après avoir bien lu les trois visions et en concertation avec les coscénaristes, est arrivé à une version finale d'un scénario qui se projette dans la réalité du théâtre irakien. Soucieux de garder un certain équilibre dans son œuvre, il a pris en compte la ligne fondamentale de la matière dramaturgique et celle numérique, estimant qu'il s'agit de «deux lignes parallèles sans pour autant que l'un des deux éléments prenne le dessus sur l'autre». Partant de l'idée que «le théâtre est une manifestation de cultures, l'acteur irakien, Aziz Kayoun, dit que dans une période, plus que jamais, marquée par les divisions et l'amertume, ce travail vient renouveler l'expérience des coproductions, assez rares dans le théâtre arabe». Sa vision se rapporte au théâtre comme un art fait de « plusieurs textes en relation avec l'écrivain, l'acteur, la musique, le décor, ainsi que les costumes et qui se conjuguent entre eux pour donner un texte pour la planche dans un spectacle tridimensionnel».