Les menaces d'assassinat proférées à l'encontre de certains leaders de l'opposition ajoutent à la tension qui règne dans le pays et font planer la possibilité de reporter les municipales à une date ultérieure La saison des menaces d'assassinat à l'encontre des responsables politiques de l'opposition et des partis au pouvoir reprend de plus belle. En parallèle, les accusations sans preuves à l'appui et les déclarations assassines foisonnent de nouveau, contribuant à faire perdurer la tension au sein du paysage politique national, quelques jours à peine que la crise provoquée à la suite des mouvements de contestation anti-augmentation des prix a été dépassée grâce au discours apaisant du président de la République, Béji Caïd Essebsi, et aussi aux mesures sociales décidées par le gouvernement au profit des catégories dites vulnérables. Deux leaders de l'opposition, Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, Aymen Aloui, député du Courant démocratique — et Walid Bannani, député nahdhaoui, ont été avisés, ces derniers jours, par les services antiterroristes qu'ils sont l'objet de menaces d'assassinat et qu'ils bénéficieront d'une protection policière. D'après les services sécuritaires, ce sont les révélations faites par des terroristes arrêtés récemment qui ont permis de découvrir que ces responsables sont sérieusement menacés. Reste à savoir maintenant comment ces responsables ont-ils réagi aux menaces qui les visent. Et ce sont Samia Abbou et son mari Mohamed Abbou qui se distinguent en accusant ouvertement Ennahdha d'être derrière ces menaces, «puisque ce sont les pages Facebook parlant au nom d'Ennahdha qui m'accusent ouvertement d'apostasie, mettant en danger ma vie. Les responsables nahdhaouis nient que ces pages parlent au nom de leur parti, sauf que tout le monde est convaincu du contraire». La députée du Courant démocratique, qui considère maintenant qu'il existe vraiment un danger terroriste, puisqu'elle en est désormais la cible, considère que «les déclarations d'Ennahdha sont insuffisantes dans la mesure où déclarer quelqu'un mécréant ouvre la voie à toutes les dérives». Ennahdha a publié, hier, une déclaration publique dans laquelle il dénonce «les menaces de mort proférées à l'encontre des leaders du Front populaire et du Courant démocratique» et exprime son indignation face «à la campagne de dénigrement visant le parti sans aucune preuve». Ennahdha appelle également à moraliser le paysage politique national et à mettre un terme à la tension qui y règne. Malheureusement, aussi bien les responsables de l'opposition en question que plusieurs observateurs pensent que ces menaces auront «un impact certain sur les élections municipales qui approchent à grands pas». Et certains vont jusqu'à appeler à ce que les élections soient ajournées à une date ultérieure «au moins jusqu'à ce que les menaces disparaissent définitivement».