Par Abdelhamid Gmati En même temps que leurs attentes en matière économique, les Tunisiens souhaitent de la stabilité et un environnement sécurisé. De fait, la sécurité est l'une de leurs principales préoccupations. Et ils ne sont pas les seuls. Lors de leur rencontre, mardi dernier, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, et le chef du gouvernement, Youssef Chahed, il a été question de la situation générale du pays, dont notamment sécuritaire. Cela s'explique par les événements qui ont émaillé ce début d'année. La semaine de manifestations nocturnes où des casseurs et autres individus ont tenté de semer le chaos avait de quoi inquiéter. Certes, les forces de sécurité ont su s'opposer à ces fauteurs de troubles, faisant échec à leurs objectifs destructeurs, non sans compter des dizaines de victimes dans leurs rangs (96 policiers blessés). Et, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Khelifa Chibani, des terroristes auraient profité des émeutes pour s'infiltrer dans les villes et sont descendus du mont Semmama, à Kasserine, pour attaquer des maisons. Ce qui a conduit les unités de la Garde nationale à mener, samedi dernier, une opération d'envergure près du mont Semmama dans le gouvernorat de Kasserine. Opération qui s'est soldée par l'élimination de deux leaders terroristes, de nationalité algérienne, qui étaient recherchés dans leur pays depuis 10 ans et qui ont pu s'introduire, illégalement, en Tunisie en 2011, trouvant refuge dans les zones montagneuses à la frontière tuniso-algériennes. Et il s'avère que ces deux terroristes sont impliqués dans plusieurs attentats ciblant des militaires tunisiens. Ainsi, ils ont participé, entre autres, à l'attaque contre une patrouille militaire dans la zone de Henchir Attel, au mont Chaambi à Kasserine, le 29 juillet 2013, ayant coûté la vie à 8 militaires et dans la seconde opération dans la même zone perpétrée le 16 juillet 2014 et ayant fait 14 morts et 18 blessés dans les rangs des soldats. Les deux terroristes avaient pris part, aussi, à un attentat contre une patrouille de la douane dans la zone de Bouchebka (Kasserine) le 24 août 2015 ayant coûté la vie à un agent de la douane et deux autres blessés et à un autre attentat visant une patrouille de la garde nationale au croisement à Boulaaba dans la nuit du 17 au 18 février 2015 qui avait fait 4 morts dans les rangs de la garde nationale. Le porte-parole du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme Sofiane Selliti, qui a donné ces informations, ajoute : «Les deux terroristes faisaient partie du groupe qui avait attaqué un véhicule militaire au mont Semmama (Kasserine) le 29 août 2016, tuant 3 militaires et blessant 7 autres, et s'était emparé des provisions des habitants et les terrorisaient». A noter que le vice-ministre de la Défense algérien a appelé ses troupes à plus de vigilance, essentiellement, dans la zone des frontières Est du pays, en regard de la Libye, mais aussi de la Tunisie. Il a déclaré être en possession de renseignements faisant état de la présence de pas moins de 400 daéchiens le long des frontières Est de l'Algérie, et qui effectuent de temps en temps des descentes sur les populations civiles et les forces armées, aussi bien tunisiennes qu'algériennes. Il se trouve que ces terroristes trouvent du soutien ici. Ainsi, des cellules de soutien aux groupes terroristes ont été démasquées, ces derniers jours, au Kef, à Kasserine et à Sidi Bouzid. Et la ministre des Sports, Majdouline Cherni, a annoncé samedi dernier, devant l'ARP, que les clubs d'arts martiaux et de sports de combat sont très mal suivis par les autorités, alors qu'ils sont pourvoyeurs de jeunes qui sont parfois tentés de rejoindre les camps des terroristes. Elle a cité l'exemple de deux champions tunisiens qui ont rejoint les camps de Daech qui cherche à recruter de tels profils. Et c'est dans la région de La Soukra, gouvernorat de l'Ariana, qu'un imam s'est fait arrêter par les agents du district local de sûreté nationale. L'arrestation s'est déroulée récemment, dans le cadre d'une campagne sécuritaire qui s'est terminée également par l'arrestation de onze autres individus. Cet imam serait en liaison avec les deux terroristes Abou Iyadh et Kamel Zarrouk. Malgré toutes les opérations des forces de sécurité et des militaires, couronnées de succès, le terrorisme est toujours vivace. Selon les experts de l'antiterrorisme, une analyse rigoureuse et objective des facteurs alimentant le terrorisme et de la nature des acteurs est nécessaire afin d'élaborer les contre-stratégies ou ripostes à court terme en mesure de les contenir.