Par Abdelhamid Gmati La Tunisie est la capitale de la femme arabe 2018/2019. Cette désignation a eu lieu lors de la 37e session de la commission de la femme arabe qui s'est tenue, du 28 février au 2 mars 2018, à Gammarth. Parmi les raisons de ce choix, la ministre de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes âgés, Néziha Laâbidi, a rappelé «l'activation de la loi contre la violence à l'égard des femmes, la création d'une ligne verte pour les femmes victimes de violence et la création de centres d'hébergement pour les femmes violentées, en attendant le lancement d'un observatoire pour surveiller la situation des femmes victimes de violence ». C'est que, selon le dernier rapport de la Banque mondiale, 700 millions de femmes dans le monde ont subi, au moins une fois dans leur vie, une forme de violence. En Tunisie, les résultats d'une étude révèlent que 78.1% des femmes disent avoir subi une violence psychologique dans l'espace public, tandis que 41.2% ont été victimes de violences physiques et 75.4% de violences sexuelles. D'où l'importance de la loi relative à la lutte contre la violence faite aux femmes et qui a été saluée par La Ligue arabe. Ce qui classe la Tunisie 19e à l'échelle mondiale en matière de lutte contre la violence faite aux femmes. La loi est en vigueur depuis le 1er février dernier. Une loi que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, compare au Code du statut personnel. La ministre Laâbidi estime que «l'adoption de cette loi doit être accompagnée de la mise en place de mécanismes nécessaires pour son application». Elle a souligné aussi l'importance de « la sensibilisation et la création de nouveaux centres d'accueil de femmes victimes de violence». Le ministère a mis en ligne un numéro vert 1899 à la disposition des hommes et des femmes victimes de violence. «Ce numéro enregistre chaque jour plus de 30 appels de femmes et d'hommes victimes de violence». Mais la femme tunisienne se distingue aussi par ses réalisations. Ainsi en a-t-il été lors de la troisième édition «Trophées des femmes entrepreneures de Tunisie» qui a eu lieu mercredi dernier. Son objectif est de faire connaître «le dynamisme de l'entrepreneuriat féminin en Tunisie, mais aussi et surtout de valoriser la réussite des femmes qui entreprennent et de susciter de nouvelles vocations de création d'entreprises». Plus de 100 candidatures, provenant de l'ensemble des gouvernorats, ont été déposées et 74 retenues. Cinq secteurs d'activité ont été sacrés : l'industrie, les TIC et services, la culture, l'artisanat et l'agribusiness. L'évaluation des projets a été faite en tenant compte de l'originalité (10%), la pérennité (10%, niveau et variation du chiffre d'affaires), une discrimination positive en faveur des régions qui compte pour 20%, 10 % pour l'impact social et 10% pour l'impact environnemental et sociétal. On a remis 5 trophées. Le titre de «Femme entrepreneure de l'année 2017» a été décerné à Leïla Ben Braiek Ayadi, qui remporte le trophée pour l'industrie. Elle opère dans la construction métallique et mécanique. Son entreprise est spécialisée dans l'étude, la fabrication et le montage des usines de production, les systèmes de manutention et de convoyage, la chaudronnerie en acier noir et en inox. Son objectif : «Prouver que la femme tunisienne est capable de réussir dans tous les domaines, même dans la transformation des métaux». Mais si la femme tunisienne a toujours prouvé ses compétences, elle a été privée d'une partie importante de ses droits. Certes, le Code du statut personnel a été consolidé après la révolution, avec la consécration de l'égalité homme-femme et la parité dans la constitution, mais dans les faits, du chemin reste à faire. Le chef du gouvernement constate «la présence minime de femmes dans les postes de décision, à commencer par le gouvernement» et veut «imposer l'égalité salariale et l'égalité des chances dans les postes de responsabilités». Qu'en est-il des municipales ? La Ligue des électrices tunisiennes dénonce la violation du principe de la parité (hommes-femmes) horizontale. Elle affirme que le respect du principe de la parité horizontale dans les listes des partis n'a pas dépassé les 47,36% où le nombre des femmes est inférieur à celui des hommes dans la représentation au niveau des têtes de liste. Et la «coalition nationale pour l'égalité dans l'héritage», regroupant diverses associations féministes et des droits de l'Homme, ONG et syndicats représentant différentes professions, a annoncé qu'une marche nationale aura lieu le 10 mars à Tunis, pour soutenir l'initiative proposée par le président Béji Caïd Essebsi. Autre hommage aux Tunisiennes. Celui du président français Emmanuel Macron qui s'est dit admiratif de la société civile tunisienne et surtout des femmes tunisiennes. « J'ai été frappé par la force des femmes. Ce pays doit beaucoup aux femmes », a-t-il déclaré lors de sa récente visite dans notre pays.