Réforme de la Cnss et de la Cnrps : les partenaires sociaux exprimeront leur position finale, la semaine prochaine Bientôt un programme de réforme des entreprises publiques Hausse de 40% des exportations Objectif : assurer une couverture sanitaire à chaque Tunisien d'ici 2020 Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a souligné hier que la réforme des caisses sociales est une procédure d'extrême urgence, expliquant que ce système est en danger à cause de la situation financière qualifiée d'alarmante. Chahed a ajouté, lors d'une séance plénière à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) consacrée à l'audition du gouvernement au sujet de la situation générale du pays, que les grandes difficultés rencontrées par les caisses sociales nécessitent près de 100 millions de dinars par mois pour couvrir leur déficit, ce qui est absolument impossible. Ce déficit, a regretté le chef du gouvernement, a fortement influencé la qualité des prestations accordées par les caisses sociales aux citoyens. Chahed a signalé, dans ce même ordre d'idées, qu'il demandera la semaine prochaine des partenaires sociaux une position finale concernant le projet de décret portant sur la réforme de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) et le projet de loi relatif à la caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (Cnrps) avant de remettre le projet de loi devant le Conseil des ministres pour adoption. «Aujourd'hui, nous avon l'opportunité d'échanger les points de vue et de discuter, mais le jour de passer à l'action s'approche», a déclaré Chahed, rappelant que les dettes des établissements publics envers les caisses sociales ont atteint près de 600 millions de dinars. Les réformes doivent également concerner les établissements publics en crise, a encore souligné Chahed, estimant que la majorité souffrent d'une situation financière difficile. Chahed a insisté, par la même occasion, sur l'impératif de préserver l'acquis du système de sécurité sociale enraciné en Tunisie depuis l'indépendance avec notamment la création de la Cnrps et de la Cnam, témoins, a-t-il dit, de l'enracinement de la valeur de solidarité entre les générations. Le gouvernement avait déjà entamé les réformes nécessaires, notamment après avoir imposé une cotisation sociale solidaire (loi de finances 2018) au profit des caisses sociales, mais, a-t-il estimé, cette mesure démeure insuffisante. L'Etat assume un rôle social, en premier lieu, a encore affirmé Chahed, signalant que le programme de «Amen social» intégré au projet de loi soumis devant les députés se base sur le principe de soutien aux catégories vulnérables et s'articule autour de trois axes, à savoir un revenu minimum pour chaque famille tunisienne, une couverture sociale et sanitaire et une aide pour acquérir un logement décent. Ce programme, a expliqué le chef du gouvernement, stipule de favoriser un revenu minimum aux familles qui n'ont pas de revenu fixe (aucun membre de la famille ne travaille) en mobilisant une allocation entre 180 et 210 dinars. L'adoption de ce système permettra également une augmentation des pensions des retraités dont le nombre est estimé à 125 mille (une augmentation allant de 120/150 dinars à 180 dinars), selon Chahed. L'augmentation du budget consacré aux familles nécessiteuses (100 millions de dinars) a pour objectif de favoriser un revenu minimum garanti par la loi à chaque famille tunisienne. Evoquant le volet santé, Chahed a signalé que l'objectif vers 2020, est d'assurer une couverture sanitaire à chaque Tunisien citant, à ce propos, le démarrage de la généralisation de la couverture sanitaire de base au profit des chômeurs. S'agissant de l'aide aux familles pour bénéficier d'un logement décent, grâce aux programmes lancés par le gouvernement dont celui «Premier logement» et «Logement social», une nouvelle mesure inscrite dans la loi de finances permettra aux personnes à revenu non fixe de bénéficier d'un crédit de logement, a encore mis en relief Chahed. Cette mesure offrira la possibilité à quelque 500 mille personnes, entre autres chauffeurs de taxi, agriculteurs et commerçants, de bénéficier d'un crédit logement, a affirmé Youssef Chahed. D'autre part, la cession d'un certain nombre d'entreprises publiques actives dans des secteurs concurrentiels non stratégiques serait une solution pour mobiliser des ressources au profit de la trésorerie de l'Etat, et par conséquent réduire l'emprunt intérieur et extérieur, a indiqué le chef du gouvernement Youssef Chahed. Chahed a ajouté que la cession permettra de drainer des ressources favorisant la création de la richesse, le lancement de projets dans des secteurs promoteurs, la promotion des régions intérieures et l'impulsion des investissements au profit de l'éducation et de la santé. Le Chef du gouvernement a annoncé, à cette occasion, le lancement, dans les prochaines semaines, d'un programme de réforme des entreprises publiques, lequel (programme) est basé sur une vision globale pour la restructuration de ces sociétés afin qu'elles aient une rentabilité financière positive au profit de toute la communauté nationale, et ce, tout en préservant le principe de la paix sociale, outre la pérennité des emplois et la protection des droits des travailleurs. « La situation des finances publiques ne permet pas aux sociétés publiques, notamment, celles exerçant dans les secteurs concurrentiels, de continuer à bénéficier de l'appui de l'Etat et des garanties pour l'emprunt», a-t-il noté. Dans le même contexte, il a fait savoir que l'Etat n'est plus prêt à poursuivre la couverture, chaque année, du déficit structurel de ces entreprises publiques, sans mener les réformes nécessaires, rappelant que leurs pertes accumulées ont avoisiné les 6500 millions de dinars (MD) en 2016. « Il serait plus judicieux d'orienter ces fonds vers le budget de développement à travers la construction de logements sociaux ou le développement du système de la santé, de l'éducation, et de la formation professionnelle, outre le développement des régions intérieures du pays», a-t-il affirmé. Le chef du gouvernement a exprimé son souhait de l'établissement d'un consensus sur les propositions de réforme, entre les différentes parties concernées, au service de la Tunisie, réitérant la détermination du gouvernement de trancher dans les dossiers urgents et d'assumer la responsabilité de changer la situation actuelle des sociétés publiques. «Depuis le début de l'année 2018, les exportations tunisiennes ont enregistré une hausse de 40%, outre une amélioration du taux de couverture des importations par les exportations de 10 points», a encore déclaré Youssef Chahed. Chahed a indiqué que le nombre de touristes atteindra 8 millions en 2018, contre 2,5 millions en 2016. Et d'ajouter que le taux des réservations a atteint 100%, au cours de cette saison. Les recettes touristiques devront augmenter de 25%, a indiqué Chahed, ajoutant que plusieurs autres secteurs, tels que le textile et les industries manufacturières, ont déjà enregistré une relance de leurs indicateurs. Le chef du gouvernement a, également, évoqué l'amélioration de plusieurs indicateurs économiques, notamment le Tunindex qui a enregistré en 2017 une hausse de 14,5%. Selon Chahed, le problème auquel le gouvernement est confronté est la finance publique, qui nécessite des réformes et des solutions structurelles qui prennent du temps. «Cette situation représente un cumul de problèmes survenus au cours des années précédentes», a-t-il encore fait savoir. Et d'ajouter : « Tant que le problème n'est pas résolu, les craintes sur la croissance économique du pays persisteront». Le chef du gouvernement a souligné que l'amélioration de la situation des finances publiques exige la concrétisation des réformes structurelles dans toutes les entreprises publiques, outre le système de subvention et les caisses sociales.