Décédé le 5 février 2011 suite à une crise cardiaque, Omar Amiralay a décidé en 2010 de mettre tous ses films gratuitement sur le réseau de partage «youtube» pour conserver et transmettre ses œuvres aux générations futures. Une manière pour lui de contourner la censure et de détruire les frontières terrestres en offrant à la jeunesse arabe la possibilité de voir ses films. «Pourquoi Omar Amiralay ?», c'est sous une forme interrogative que la direction de la programmation artistique de la troisième édition du Festival du Film de Gabès a tenu à rendre hommage au réalisateur syrien Omar Amiralay. Une forme interrogative en hommage aux œuvres de l'agitateur de la conscience arabe Omar Amiralay qui interpelle et déstabilise à travers ses documentaires dont la justesse des mots et des images sont toujours d'actualité. L'unique documentaire d'Amiralay incluant des images d'archives, «Il y a tant de choses à raconter» (There are many things one can talk about) est l'un des quatre films sélectionnés, dans le cadre de cet hommage. Sorti en 1997, le documentaire traite du conflit arabo-israélien à travers le témoignage du dramaturge et intellectuel syrien Saadallah Wannous. D'une durée de 50 mn, le film alterne des images d'archives relatives au conflit palestino-israélien avec le témoignage du dramaturge syrien au lit de sa mort. Se battant contre un cancer dans sa phase finale, l'unique personnage du film Saadallah Wannous livre, devant la caméra, la douleur et la déception de toute une génération, celle dont la jeunesse a été ponctuée par la défaite des arabes contre Israël en 1948 et 1967. Au-delà de l'omniprésence de la mort tout au long du film, l'espoir naît de la sincérité et la justesse du témoignage de Wannous. La parole de l'intellectuel arabe défie la maladie, la douleur physique et mentale pour faire germer l'espoir d'une paix possible où l'existence d'un peuple passe essentiellement par l'acceptation de l'autre. Présente au Festival, la coréalisatrice de plusieurs films d'Omar Amiralay, Hala Alabdalla, a fait savoir à l'agence TAP que la version initiale du documentaire était d'évoquer le conflit palestino-israélien à travers quatre perceptions : un diplomate palestinien, un réfugié palestinien, la souffrance quotidienne de la population palestinienne face à l'occupation israélienne et un intellectuel arabe. «Après le tournage, le réalisateur a choisi de garder seulement le témoignage de l'intellectuel Saâdallah Wannous, un témoignage qui résume toute la souffrance du monde arabe face à la cause palestinienne», a précisé Alabdalla. Et d'expliquer «Le témoignage de Wannous relate la souffrance d'un peuple, la débâcle des politiciens arabes, l'humiliation des Arabes depuis la Nakba de 1948 jusqu'aux accords d'Oslo en 1993 et la première guerre du Golfe en 1990-1991». Abordant les œuvres du réalisateur syrien, Hala Alabdalla parle d'Omar Amiralay comme «un cas unique dans le cinéma arabe. C'est la seule personne, le seul cinéaste dans la région qui a consacré 40 ans de sa vie au cinéma documentaire», a-t-elle indiqué. Censurés dans les pays arabes et en particulier la Syrie, ses films «restent vivants car ils interpellent et déstabilisent les consciences pour libérer les esprits de la peur et des tabous», selon ses propos. Et de poursuivre : «Ses documentaires sont toujours d'actualité au niveau du fond et de la forme car ils abordent une réalité toujours présente, celle de l'injustice et de la terreur». Avec son humour noir, le réalisateur syrien Omar Amiralay met en scène une réalité crue et une vérité qui dérange, mentionne Alabdalla donnant comme exemple son documentaire réalisé en 1972 La vie quotidienne dans un village syrien. Décédé le 5 février 2011 suite à une crise cardiaque, Omar Amiralay a décidé en 2010 de mettre tous ses films gratuitement sur le réseau de partage «youtube» pour conserver et transmettre ses œuvres aux générations futures. Une manière pour lui de contourner la censure et détruire les frontières terrestres en offrant à la jeunesse arabe la possibilité de voir ses films affichant « toutes les ambitions et tous les espoirs non réalisés autour de la liberté et la justice portés par le réalisateur rebelle». Le palmarès Le jury international du Festival du film de Gabès 2018 composé de l'actrice espagnole Esther Regina, les cinéastes Mohamed Malas de Syrie, Atia Al Daraji d'Irak et Moussa Touré et la comédienne Saoussen Maâlej et le jury Films écoles et courts-métrages composé des cinéastes Mofida Fdhila, Abdelhamid Bouchnak et Habib Mestiri ont attribué les prix suivants : – El Seed d'or pour le film «Le Caire confidentiel» de l'Egyptien Tarik Saleh. – El Seed d'or pour le meilleur long-métrage documentaire «Taste of Cement» du réalisateur syrien Zied Kalthoum – El Seed d'or pour la meilleure œuvre de court-métrage «Bonboné» du réalisateur palestinien Rakan Mayasi – Diplôme El Seed pour le meilleur film d'Ecoles de cinéma : «Oui mais non» de la réalisatrice tunisienne Inès Arsi Mention spéciale jury – Mention spéciale jury pour le long-métrage fictions «Tramontane» du Libanais Vatche Boulghourjian – Mention spéciale jury pour le long-métrage documentaire «Ghost Hunting» du réalisateur palestinien Raed Andoni – Mention spéciale jury pour le court-métrage «A Drawnning Man» du réalisateur libanais Mahdi Fleifel – Mention spéciale film d'école pour le film «Close your eyes well» du réalisateur irakien Ali Albayati Prix TV5 monde caméra jeune – Oumeïma Ait Baali (Maroc) – Ahmad Zaraket (Liban)