Comme l'on s'y attendait, on ne comptait pas, hier, les infractions commises par les candidats, les partis qui les soutiennent, les présidents et les membres des bureaux de vote. Outre la désaffection générale, les dérives constatées, hier, n'honorent personne, en premier lieu leurs auteurs Hier, les Tunisiens n'ont pas afflué en masse vers les bureaux de vote. Toutefois, ils n'ont pas tourné le dos totalement à l'opération électorale puisqu'ils ont passé leur journée à guetter, à travers les réseaux sociaux et les médias audiovisuels, les infractions, les dépassements, les dysfonctionnements et les tentatives d'influence des électeurs, les taux de participation et aussi les réactions de ceux qui ont boudé les urnes, préférant suivre l'opération électorale en observateurs désintéressés comme si les élections municipales n'intéressaient que les candidats et leurs familles. Hier, on avait l'impression qu'on attendait non pas le déroulement normal ou ordinaire de l'opération électorale mais bien l'échec de ce rendez-vous électoral du fait des dérapages et des dérives dont on avait senti l'avant-goût lors de la campagne électorale et qui ont malheureusement accompagné la journée d'hier. Et les journalistes, les observateurs appartenant aux associations de la société civile ainsi que les citoyens ordinaires de rapporter ce qui s'est passé à Bizerte, à M'dhilla, à Kasserine et dans la capitale où le ministre de l'Intérieur, Lotfi Brahem, a été surpris de ne pas trouver son nom inscrit sur la liste du bureau de vote vers lequel il s'est dirigé, pour «la simple raison que son nom figure sur la liste des sécuritaires puisqu'il appartient au corps des gardes nationaux et qu'il devait voter dimanche 29 avril», comme l'assure Mohamed Tlili Mansri, président de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie). Les représentants des partis sur le terrain Comme prévu, les représentants de certains partis politiques n'ont pas résisté à la tentation de se mêler aux électeurs pour essayer de les inciter à voter pour leurs listes. A Bizerte, dès 10h00, ils étaient présents aux alentours des centres et tentaient d'influencer les rares votants, obligeant les contrôleurs de l'Isie et les observateurs des autres listes à intervenir et à les appeler à quitter les lieux. A M'dhilla (gouvernorat de Gafsa), l'opération de vote a été suspendue à la suite de la destruction de deux urnes dans les bureaux 1 et 3, ce qui a poussé le conseil de direction de l'Isie à décider le report des élections jusqu'à ce qu'une nouvelle date soit arrêtée. Anouar Bel Hassen, membre du conseil de l'Isie, souligne que la décision sera prise dans les jours à venir. Et les dérives de se poursuivre mais cette fois, elles sont l'œuvre de certains responsables de bureaux de vote. A Kasserine, les observateurs de Chahed indiquent : «Des responsables de bureaux de vote ont refusé l'accès aux observateurs, contrôleurs et représentants de listes candidates». A Ben Guerdane, plus précisément au centre de vote Al Mouthabara dans la localité d'Essayah, on a été obligé de remplacer le président et les membres, les premiers ayant autorisé des enfants à s'introduire dans le bureau et à mettre leur index dans l'encre électorale». Face à la protestation de beaucoup de citoyens qui n'ont pas apprécié l'initiative du président du bureau de vote, le centre a été fermé environ deux heures. A Ben Arous, l'Irie a constaté la poursuite par certains partis (Ennahdha, Nida Tounès, Machrou Tounès et Al Moubadara) de la campagne électorale en infraction du silence électoral. De son côté, la Ligue des électrices tunisiennes (LET) a fait paraître un rapport préliminaire dévoilant les infractions constatées par ses observateurs comme le retard lors de l'ouverture de certains bureaux de vote, la nomination d'une présidente d'un bureau de vote à Thala alors que ses deux frères sont candidats dans deux listes, le port par un candidat d'Ennahdha à Béja d'une carte d'observateur.