La présidente du Parti destourien libre porte plainte contre plusieurs cadres d'Ennahdha suite à la diffusion, il y a plusieurs jours, d'un documentaire algérien à charge «Combien y a-t-il de journalistes» ?, demande la présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi, à l'ouverture de la conférence de presse organisée hier à Tunis. «Trois», lui répond la voix d'un de ses bras droits, Karim Krifa, constituant et un ex du parti Al-Moubadara. «L'Histoire retiendra que vous étiez là !», dit alors, Abir Moussi, persuadée que l'Histoire lui donnera un jour raison. Sa quête, ainsi que celle de ses partisans, est de démontrer que la légalisation du parti Ennahdha était une erreur qui coûte cher à la Tunisie. «L'organisation», comme elle appelle le parti Ennahdha fondé par Rached Ghannouchi, serait selon elle beaucoup plus proche d'une organisation terroriste que d'un parti politique. «Chaque millime dépensé pour appuyer cette organisation s'apparente à un financement du terrorisme», affirme-t-elle sans barguigner et en s'assurant à chaque fois que son live streaming était encore en marche. Pour prouver qu'elle a raison, l'avocate de 43 ans, fidèle au parti RCD malgré sa dissolution, est à l'affût de tout élément à charge contre Ennahdha. Pour elle, le documentaire algérien diffusé il y a quelques jours sur la chaîne «Al-Chourouk News» est du pain bénit. «A ce que je sache les Algériens ne détestent pas la Tunisie», ironise-t-elle. Selon elle, les témoignages fournis par des «djihadistes» et des parents de «djihadistes» dans le documentaire en question, ne laissent aucun doute sur l'implication des dirigeants du parti Ennahdha. Aujourd'hui, le PDL a déposé une plainte contre des cadres du premier parti au parlement, à l'instar de son président, Rached Ghannouchi, l'ex-ministre de l'Intérieur et ex-chef du gouvernement Ali Laârayedh, le constituant et partisan d'une ligne dure du parti, Habib Ellouz. Tous seraient, selon elle, impliqués dans l'envoi de jeunes dans les zones de combats, principalement en Libye et en Syrie. Abir Moussi a appelé ce qu'elle considère être comme les «forces destouriennes et Rcdistes», à former un «mouvement national», à se «révolter» et à faire pression pour rompre tout lien avec Ennahdha. S'adressant directement au président de la République, elle l'exhorte de ne plus s'asseoir à la même table avec le parti présidé par Rached Ghannouchi. «Je ne sais pas comment ils vous ont eu, quels dossiers ils détiennent pour vous obliger à coopérer avec eux, mais je demande à tous les destouriens et rcdistes de se révolter», clame-t-elle. Censurée dans les médias La présidente du PDL qui s'estime «censurée» dans les médias, s'en prend également à la commission d'enquête parlementaire sur l'envoi des jeunes dans les zones de combats. Pour elle, la commission comprend des individus qui pourraient eux-mêmes être impliqués dans cette affaire. «Cette commission cherche à gagner du temps et à identifier les témoins à charge afin de mieux les intimider, accuse-t-elle. Je crois que cette commission doit transférer à la justice tous les documents dont elle dispose». Dans le documentaire diffusé par la chaîne algérienne, Ghofrane, une jeune enrôlée (14 ans à l'époque des faits) dans les rangs de l'organisation terroriste Daech, accuse ouvertement les autorités policières d'avoir eu, dès le début, toutes les informations concernant ses velléités de départ avec sa sœur dans les zones de combats. «Les policiers savaient que nous projetions d'y aller et connaissaient même notre plan», a-t-elle affirmé à la journaliste algérienne Nahed Zerouati. Jusqu'à présent, cependant, hormis les déclarations et les contre-déclarations dans les médias, aucune preuve tangible de l'implication de responsables nahdhaouis n'a été établie.