Le ministre de l'Enseignement supérieur a accusé l'Union des enseignants universitaires Ijaba, lors de la conférence de presse qui s'est tenue hier (4 juin) à La Kasbah, d'avoir fait échouer les négociations destinées à trouver une issue à la crise qui se poursuit depuis janvier 2018 et a averti qu'il prendra toutes les mesures juridiques nécessaires à l'encontre de tous les enseignants qui refusent d'accomplir leur devoir. Pourtant, le ministre a promis qu'il poursuivrait le dialogue si le syndicat revoyait sa position. «La crise des examens arrive à un moment critique de notre pays alors que nous menons une réforme profonde de l'enseignement supérieur. Le syndicat a choisi une nouvelle forme de grève, l'escamotage des notes et des examens, en plus de ne fixer aucune limite à la grève. Nous avons entamé des négociations avec le syndicat le plus représentatif, c'est-à-dire l'Ugtt, comme il est d'usage, mais Ijaba a choisi une escalade permanente», a regretté Slim Khalbous, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, lors de la conférence de presse qui s'est tenue, hier, à La Kasbah. «Nous avons pourtant trouvé des solutions pratiques avec l'Ugtt en mars dernier, mais cet accord n'a pas eu l'audience médiatique qu'il méritait alors qu'il compte des points très positifs pour les universitaires, leurs enfants, les subventions pédagogiques. Le plus important concerne des subventions personnelles pour les chercheurs selon leur production scientifique (article, ouvrage...). Nous avions espéré que cet accord allait stopper la grève, mais Ijaba a poursuivi ses duperies, ses menaces, ses violences, ses harcèlements à l'adresse des étudiants... Nous avons pourtant tenu à garder la tête froide, nous avons voulu parvenir à une solution par le dialogue et espéré clôturer l'année pour les étudiants pour ne pas entraver leur parcours mais Ijaba n'a pas bougé d'un pouce. Nous avons été surpris par le retour, chaque fois, à l'escalade et cela s'est poursuivi de réunion en réunion», a ajouté le ministre. Dernier délai : le 7 juin Slim Khalbous regrette qu'au moment où Ijaba parle aux médias, il leur dit que ce n'est pas une question d'argent mais de dignité mais que ceci est erroné : «Les augmentations salariales vont avoir lieu, mais il faut un peu de temps, car nos indicateurs commencent à peine à s'améliorer. Il y a toujours un décalage, il faut une ou deux années pour voir les effets de cette amélioration. Nous avons été clairs sur le fait qu'il n'y avait pas de budget pour le moment, mais nous avons promis qu'ils seraient nos partenaires pour les réformes, à commencer par le statut des enseignants supérieurs. Nous avons besoin des universitaires en tant qu'experts pour nous aider à trouver les solutions», commente-t-il. Khalbous a également donné lecture d'une feuille de travail où le Conseil des ministres soutient toutes les positions du Mesrs, à commencer par sa décision, suite à l'échec des négociations avec l'Union des enseignants universitaires et des chercheurs tunisiens (Ijaba), d'appliquer la loi et de prendre toutes les mesures juridiques nécessaires à l'encontre de tous les enseignants qui refusent d'accomplir leur devoir. A une exception : «Le professeur universitaire qui rend ses notes aura ses émoluments et nous avons fixé la date du 7 juin comme dernier délai pour ceux qui veulent rejoindre cette opportunité sinon il y aura un arrêt total de leurs salaires. Il y a 4 ou 5 institutions universitaires qui ont refusé de donner le nom des professeurs qui n'ont pas voulu remettre les notes. Exceptionnellement, les enseignants dans ces institutions peuvent donner un feuillet attestant qu'ils ont donné leurs notes pour que leur salaire ne soit pas bloqué». Rappelons que le ministre a tenu une série de réunions les 23, 29 et 31 mai dernier avec la partie syndicale sans qu'aucune solution consensuelle ne soit trouvée ce qui a poussé le département à prendre toutes les mesures légales, notamment par la suspension des salaires des enseignants en grève ouverte, conformément aux décisions issues du conseil des universités tenu le 11 mai 2018. Selon le ministère, il a présenté, lors de la séance de négociation du 23 mai, une proposition qui reconnaît le syndicat Ijaba comme étant un partenaire dans la réforme du secteur avec la fixation d'un calendrier pour l'examen de toutes les revendications des enseignants (dont la révision du statut des enseignants avant fin 2018) et s'engage à augmenter progressivemet le budget du département. Seulement, le syndicat a exigé l'augmentation du plafond des revendications avant le démarrage de la révision du statut, ce qui fait dire au ministre que les revendications de Ijaba sont purement financières et que ce syndicat est responsable de l'échec des négociations et de la crise qui se poursuit dans plusieurs établissements universitaires depuis le démarrage de la grève ouverte en janvier 2018. Pourtant, le ministère a plusieurs fois réaffirmé sa disposition à la poursuite d'un dialogue sérieux et réaliste si le syndicat revoit sa position.