Selon l'Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (Itceq), le niveau moyen de l'Indice de développement régional (IDR) pour l'année 2018 a baissé en comparaison de celui enregistré en 2015, soit 0,486 contre 0,502. On indique que le déséquilibre régional demeure une réalité en Tunisie, surtout entre les régions côtières, qui bénéficient d'infrastructures socio-sanitaires de base dépassant largement la moyenne nationale et les régions de l'intérieur, qui s'appuient essentiellement sur l'agriculture et le petit commerce avec un taux de chômage qui peut atteindre 40%. L'analyse de l'Itceq a montré que l'état de développement s'est détérioré à cause de la persistance de plusieurs problématiques sur le plan foncier et au niveau de la lenteur et de la lourdeur des procédures administratives. Des problématiques qui freinent la réalisation des projets publics régionaux, expliquant la baisse de l'IDR dans la majorité des gouvernorats. En fait, le calcul de l'Indice de développement régional s'est appuyé sur quatre composantes, à savoir les commodités de la vie, la dimension sociale, le capital humain et l'emploi et le marché du travail. Au niveau de la première composante, on note que les gouvernorats de Sidi Bouzid, Kasserine, Jendouba, Gafsa, Kébili, Kairouan, Siliana, Le Kef et Béja enregistrent toujours un retard considérable en comparaison de la moyenne. Cette composante a pris en compte trois indicateurs essentiels, qui sont l'infrastructure et les équipements de base, les services de santé et les services de loisir. Vulnérabilité de l'emploi En ce qui concerne l'indice social, les disparités persistent surtout dans les gouvernorats de Jendouba, Kasserine, Kairouan et Siliana, prenant en compte le nombre de familles nécessiteuses, le taux d'analphabétisme, le taux de pauvreté, le ratio de dépendance démographique et le solde migratoire. De même, l'indice du capital humain montre une situation instable dans la majorité des régions, essentiellement dans les gouvernorats à prédominance rurale, d'après l'Itceq. Au niveau de la composante «emploi et marché du travail», la vulnérabilité du marché reste une constante. On souligne que 14 gouvernorats sur 24 ont des niveaux de développement inférieurs à la moyenne de l'indicateur, reflétant, selon l'Itceq un faible niveau d'attractivité et une incapacité d'absorption de l'offre de travail. Particulièrement, ce sont les gouvernorats de Tataouine, Gafsa, Jendouba, Sidi Bouzid et Kasserine qui enregistrent un retard concernant le nombre d'entreprises, le taux de placement et d'offre d'emploi. Projet d'intégration L'Itceq recommande, ainsi, de redéfinir les espaces économiques entre les régions afin de mieux gérer les disparités régionales. Une étape qui nécessite la mise en place d'un projet d'intégration économique nationale par la reconstruction de pôles de développement d'activités motrices intégrées sur le plan sectoriel et spatial. Cela requiert aussi une interdépendance entre les régions relativement développées et celles marginalisées. L'analyse indique également qu'il est nécessaire de renforcer la compétitivité, l'emploi et l'attractivité des régions de l'intérieur à travers l'amélioration de l'accessibilité aux services de transport, de santé et l'amélioration de l'accès à l'emploi, ainsi que la lutte contre la discrimination des femmes au travail. La répartition équitable des richesses est aussi un axe fondamental sur lequel le gouvernement doit travailler pour assurer un minimum d'équilibre entre les régions. L'Itceq souligne que plusieurs aspects doivent être pris en considération par les autorités pour faciliter cette intégration régionale. Il s'agit essentiellement de l'amélioration de l'environnement, le renforcement de l'utilisation des Technologies de l'information et de la communication (TIC), l'amélioration des indicateurs économiques et aussi des facteurs institutionnels (démocratie locale, transparence et bonne gouvernance), l'affermissement du climat des affaires et le renforcement des aspects qualitatifs surtout au niveau de la perception du citoyen sur la qualité de la vie dans la région.