En presque 300 pages, l'ouvrage, qui vient de paraître, «Que vive la République ! Tunisie : 1957-2017», fait le tour de l'histoire de la République tunisienne. De son passé, son présent et son avenir Au commencement, il y a eu «Dégage», un album de photos et de témoignages publié à chaud, en avril 2011 par les Editions Alif. L'ouvrage incarne toujours une référence pour se plonger dans ces incroyables journées de révolution ainsi que ces euphoriques premiers moments de transition. «Que vive la République ! Tunisie : 1957-2017», qui vient tout juste de paraître, édité par la même maison, ressemble en tous points, au niveau de la forme, à l'indétrônable «Dégage», avec ses 600 photos et documents et ses 60 témoignages de personnalités politiques, intellectuelles, syndicales et de la société civile. Seulement, dans ce dernier opus d'Alif, les articles, les témoignages et les interviews sont doublés de textes écrits par des universitaires de renom, dont l'historien Hichem Abdessamad, la sociologue Dorra Mahfoudh, l'historien de la pensée économique, Baccar Gherib, le juriste Slim Laghmani, le directeur des Archives Nationales, Hedi Jallab, le constitutionnaliste Jean Philippe Bras, le philosophe du politique, Ridha Channoufi... Quinze textes en tout pour un ouvrage coordonné par l'ancien président de l'ISIE, Kamel Jendoubi, autour d'un thème récurrent depuis l'instauration de la République en juillet 1957, à savoir les prérogatives, limites et dérapages de ce mode d'organisation de l'Etat. Un sujet qui s'est posé de nouveau avec d'autant plus d'acuité après 2011 que les gouvernants islamistes ont commencé dans leurs discours à invoquer une certaine idée de la khilafa. Il y avait donc menace sur la République. «Que vive la République !» est un ouvrage dense, ponctué de repères, d'analyses, de chiffres et de dates clés pour comprendre, au gré d'une démarche chronologique, l'évolution de la République tunisienne de ces soixante dernières années. Depuis ses tâtonnements du temps de beys réformateurs jusqu'à la publication de la Constitution de 2014. Depuis le Pacte fondamental de 1857, en passant par la Constitution de 1959, l'élaboration de l'Etat «moderne» de Bourguiba, «Un monarque pour la République», titre Hichem Abdessamad dans un passionnant article, jusqu'à la Haute instance Ben Achour et la Constituante de la période post-Révolution. Une manière de réécrire l'histoire du pays à travers ce prisme choisi par l'éditeur. «Après l'euphorie des premières années d'indépendance, l'idée républicaine est entrée en hibernation. Depuis des décennies, elle n'est guère évoquée qu'au nom de l'ordre et de la sécurité. Au détour d'un jour férié, du nom d'une place ou d'une avenue, de commémorations vidées de leur sens...Les année de culte de personnalité, les dérives puis l'emballement autoritaire ont bouché l'horizon républicain... », écrit Kamel Jendoubi. Un livre, précieux document, appelé à devenir un incontournable ouvrage pour mieux saisir le régime républicain tunisien avec ses failles et ses acquis. «Le pari de ce livre est de contribuer à « faire vivre » la République, à parler de nouveau de la République, non plus comme une relique du passé mais comme le projet toujours réinventé d'un destin partagé», note encore l'ancien président de l'ISIE.