SEOUL (Reuters) — La Corée du Sud a expédié hier pour la première fois en deux ans une cargaison de riz à sa voisine du Nord et dit envisager des discussions régulières si Pyongyang s'engage à renoncer au nucléaire militaire. La Corée du Nord affiche depuis des semaines une volonté nouvelle de reprendre les pourparlers à six sur son désarmement. Mais les Etats-Unis et Séoul s'y refusent tant que le régime reclus n'aura pas reconnu sa responsabilité dans le naufrage de la corvette sud-coréenne Cheonan, qui a fait 46 morts en mars. La Corée du Sud accuse la marine nord-coréenne d'avoir torpillé le navire, ce que Pyongyang nie. Les tensions engendrées par cet incident ont commencé à s'apaiser il y a deux mois, lorsque le Sud a repris les envois d'aide alimentaire et de matériaux de construction vers le Nord. Le dialogue a de plus été renoué au niveau militaire. Un navire cargo transportant 5.000 tonnes de riz financé par le gouvernement de Séoul a quitté hier le port de Gunsan pour rallier celui de Dandong, en Chine, près de la frontière avec la Corée du Nord. Un autre navire chargé de 3.000 paquets de nouilles déshydratées devait partir d'Incheon pour Dandong. Des cargaisons de riz avaient été envoyées en Corée du Nord le mois dernier à titre privé après de graves inondations. Séoul envisage en outre une reprise à un rythme régulier des pourparlers à six (Chine, Japon, Etats-Unis, Russie et les deux Corées) sur le désarmement de la péninsule si Pyongyang démontre en actes sa volonté de renoncer au nucléaire, a fait savoir le porte-parole du ministère sud-coréen des Affaires étrangères, Kim Young-su. La Chine aurait proposé que les six se voient une fois par mois. Les Etats-Unis attendent pour leur part que les relations entre les deux voisins se réchauffent et que le Nord donne des «indications concrètes» de sa volonté de mettre en œuvre l'accord scellé en 2005 mais dénoncé depuis, qui prévoit le démantèlement de ses sites nucléaires en échange d'aide et d'une normalisation des relations diplomatiques. La presse sud-coréenne a dit hier que Washington et Séoul ont annulé une série de manœuvres militaires conjointes afin de ne pas attiser les tensions avec Pékin et Pyongyang à l'approche du sommet du G20, que la capitale sud-coréenne accueillera les 11 et 12 novembre. La Chine considère ces manœuvres, régulières depuis mars, comme une menace pour sa sécurité.