SEOUL (Reuters) — Les Etats-Unis ont annoncé hier de nouvelles sanctions contre le régime nord-coréen et mis en garde Pyongyang quant aux conséquences graves qu'aurait une nouvelle attaque contre la Corée du Sud. Les tensions sont montées d'un cran dans la péninsule coréenne depuis la mort, il y a quatre mois, de 46 marins dans le naufrage d'une corvette sud-coréenne, le Cheonan, que Séoul impute à son voisin. La Corée du Nord nie toute implication et a menacé Séoul de représailles en cas de nouvelles sanctions. En visite en Corée du Sud, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a déclaré que les Etats-Unis étaient prêts à reprendre les discussions à six sur le programme nucléaire du régime reclus si celui-ci envoyait un «signal positif». Mais il n'y en a pas eu jusqu'à présent, a-t-elle ajouté. «Nous visons spécifiquement (...) à cibler le pouvoir, cibler ses avoirs», a dit Hillary Clinton lors d'une conférence de presse aux côtés du secrétaire à la Défense, Robert Gates, et de leurs homologues sud-coréens. Ces sanctions, qui portent sur un gel des avoirs des dirigeants nord-coréens ou la vente et l'achat d'armes, sont une réponse à la politique poursuivie par Pyongyang dans le domaine du nucléaire et ne visent pas la population, a-t-elle souligné. L'objectif, a précisé la chef de la diplomatie américaine, est d'accentuer la pression sur le gouvernement nord-coréen. La société nord-coréenne est l'une des plus pauvres du globe et son économie est déjà en grande partie coupée du monde. Cet isolement diplomatique et économique est dû aux essais nucléaires et de missiles menés par un régime qui, selon les analystes, brandit la menace extérieure pour justifier le maintien de la plus grande armée au monde en termes d'effectifs. Toutefois, pour Paik Haksoon, de l'Institut Seejong, «les sanctions annoncées par les Etats-Unis n'affecteront pas vraiment l'économie nord-coréenne puisque toutes les sanctions possibles ont déjà été imposées». «Période dangereuse» A l'issue de leurs entretiens, les quatre ministres sud-coréens et américains ont mis en garde Pyongyang contre les «conséquences graves» qui pourraient découler de toute nouvelle attaque contre le Sud. Clinton et Gates s'étaient rendus un peu plus tôt dans la zone démilitarisée (DMZ) qui divise la péninsule depuis la trêve de 1953, où ce type de visite diplomatique est rare. Près de deux millions d'hommes veillent sur cette ligne de quatre kilomètres sur 245 située le long du 38e parallèle, l'un des derniers héritages de la Guerre froide. Hillary Clinton a souligné que la Corée du Nord pourrait obtenir un traité de paix, des relations normales avec Washington et la fin des sanctions si elle renonce à son attitude belliqueuse, respecte le droit international et entame un démantèlement irréversible de son programme nucléaire. «Si la Corée du Nord choisit cette voie, les sanctions seront levées, de l'énergie et d'autres aides économiques lui seront fournies et ses relations avec les Etats-Unis serontnormalisées», a-t-elle dit. L'hostilité de plus en plus forte dans la péninsule inquièteWashington. Le général à la retraite James Clapper, choisi par Barack Obama pour diriger le renseignement américain, a prévenu mardi que l'incident du Cheonan pouvait augurer d'une «nouvelle période dangereuse» d'attaques nord-coréennes. Avant la visite dans la DMZ, le chef du Pentagone avait annoncé la tenue de manœuvres militaires navales et aériennes conjointes avec la Corée du Sud à partir de dimanche. La Corée du Nord a critiqué ces manœuvres. La Chine, son seul allié majeur, a exprimé sa «profonde préoccupation». «Nous exhortons les parties concernées à rester calmes et faire preuve de retenue, et ne rien faire qui puisse exacerber les tensions régionales», a dit le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, dans un communiqué.