Le taux d'inflation a augmenté considérablement en juin 2018 pour atteindre 7,8%, impactant considérablement les capacités financières des ménages et des entreprises. L'approbation du Conseil d'administration du Fonds Monétaire International (FMI) pour le versement de la nouvelle tranche de prêt pour la Tunisie vient dans un contexte très difficile. En juin 2018, le taux d'inflation a atteint 7,8%, battant tous les records enregistrés, et témoignant des problématiques structurelles que connaît l'économie tunisienne. Cette augmentation, qui s'est poursuivie depuis fin 2017, a influencé les décisions de la Banque centrale de Tunisie pour augmenter son taux d'intérêt directeur à trois reprises en 2018 pour atteindre 6,75 en mai dernier. Mais les avis se contredisent en ce qui concerne l'impact de cette augmentation pour calmer les tensions inflationnistes. Cette quatrième tranche de prêt du FMI est de 249,1 millions de dollars, équivalent à environ 650,760 millions de dinars, s'ajoutant au décaissement précédent de 257,3 millions de dollars. Notons que la Banque mondiale a également approuvé le décaissement de 500 millions de dollars. Tout cela s'inscrit dans le cadre d'un programme de réforme du gouvernement tunisien afin de booster la reprise de la croissance économique et réduire les déséquilibres macroéconomiques qui se creusent davantage. Selon l'Observatoire tunisien de l'économie (OTE), l'inflation en Tunisie a augmenté principalement avec la libéralisation du dinar en avril 2016 puis s'est accélérée notamment après le décrochage du dinar de mars 2017. Selon les calculs de l'OTE, le coefficient de corrélation entre l'inflation et le taux de change TND/EUR était faible (0,25) entre janvier 2013 et mars 2016 tandis qu'il est devenu très fort entre avril 2016 et mai 2018 (-0,91). Origine de l'inflation On indique qu'en avril 2016, le FMI a imposé à la Tunisie de faire passer la loi sur l'indépendance de la Banque centrale de Tunisie (BCT) pour lutter contre l'inflation. L'OTE a indiqué que le FMI voudrait que l'inflation soit d'origine monétaire et pour cela il faudrait augmenter le taux d'intérêt pour réduire l'inflation. Mais on voit bien que la tendance est à la hausse. Le taux d'inflation est passé de 7,7% en mai 2018 à 7,8% en mai 2017. L'Institut national de la statistique (INS) explique cette hausse par l'augmentation des prix de l'alimentation de 8,6% sur un an, poussée par celle des viandes (+15,9%), des fruits (+15,4%), des poissons (+10%) et des huiles alimentaires (+8,8%). De même pour le groupe transport dont les prix ont augmenté de 9,9%, avec la hausse des prix des véhicules et des dépenses d'utilisation des véhicules de 12,9%. Il s'agit également de l'évolution des prix de l'habillement et chaussure de 7%. Ajoutons à cela la hausse des prix des biens et services divers de 10,8%, en raison de l'augmentation des prix des soins personnels de 11,3%, des assurances de 9,3% et des services financiers de 7,5%. Menace pour la reprise En ce qui concerne l'inflation sous-jacente, elle est de 7,2%. L'INS indique que les prix des produits libres ou non administrés ont évolué de +8,6% contre +5,1% pour les prix administrés. Ainsi, les produits alimentaires libres ont augmenté de 9,8% contre 2,3% pour les produits alimentaires administrés. Dans son dernier communiqué, le Conseil d'administration de la BCT a souligné que la poursuite des pressions inflationnistes constitue une menace pour la reprise récente de l'activité économique et pour le pouvoir d'achat des citoyens. Elle nécessite la prise de mesures préventives appropriées pour en réduire les effets négatifs, et ce, moyennant la régulation de la politique monétaire via l'instrument du taux d'intérêt. Pour l'OTE, l'augmentation du taux d'inflation malgré la hausse du taux d'intérêt opéré par la BCT appuie son analyse concernant la corrélation entre l'inflation et la libéralisation du dinar, indiquant que la chute de la valeur du dinar a augmenté les prix des biens importés. On estime également que l'inflation n'est pas monétaire, mais «issue directement des politiques imposées par le FMI», axant sur la libéralisation du dinar, l'augmentation de la TVA et des prix d'essence.