Assurance, aisance, maîtrise du propos étaient au rendez-vous. Certains ont choisi de faire une lecture sociale ou politique. D'autres ont préféré s'identifier à l'auteur ou aux personnages principaux. C'était à la fois ludique et intéressant. La maison du roman à la cité de la Culture a organisé les 11 et 12 juillet «Les Romans de l'été». Une manifestation unique en son genre qui ambitionne d'inciter les Tunisiens à lire avec plaisir. Concrètement, il s'agit d'une présentation de livres par des participants qui ont choisi de prendre part à l'événement suite à un appel à candidature lancé à travers les réseaux sociaux et les médias. Les candidats, initialement de bons lecteurs, sont appelés à présenter face au jury une œuvre dans un style attractif et argumenté pour défendre leur choix mais également pousser le public à la découvrir. A l'issue de la manifestation, une liste de 9 titres sera retenue: 3 romans tunisiens, 3 arabes et 3 internationaux. Trois prix seront décernés aux meilleures propositions, ainsi qu'une série de livres précieux pour le reste des participants. Des certificats de participation seront attribués à tous les participants. Vaincre ses appréhensions Mercredi, un public de tous âges, sans être nombreux, était particulièrement enthousiaste. Il y avait de l'émulation dans l'air. Le jury installé dans la première rangée prenait minutieusement des notes à chaque prestation. Beaucoup de jeunes et quelques adultes se sont relayés à la tribune ; assurance, aisance, maîtrise du propos étaient au rendez-vous. Certains ont choisi de faire une lecture sociale ou politique des textes en lice. D'autres ont préféré s'identifier à l'auteur ou aux personnages principaux. C'était à la fois ludique et intéressant. Sans pouvoir les citer tous, on retiendra la jeune Marwa Guenichi qui a présenté le roman «Lavazza» de l'auteur tunisien Chafik Targui. Son analyse littéraire était élaborée et convaincante bien que le temps lui ait manqué. Le jeune Aziz Lahmar, lui, a proposé le livre de Hassine El Oued : «Son Excellence monsieur le ministre». Sans texte à l'appui ni la moindre note, sa causerie ne manquait ni d'humour ni de théâtralité. Du talent à revendre et une grande force de persuasion, Aziz a choisi de lire un court passage du roman et a été très applaudi par la salle. La jeune Madiha Jamel a choisi d'incarner avec audace la tragique héroïne «Nawa» du roman éponyme signé de l'écrivaine tunisienne Wahida May. Une présentation émouvante et très subtile. Un grand titre de la littérature mondiale, «Les frères ennemis» de l'auteur grec Nikos Kazantzákis, a été présenté par Wissam Dada qui a avoué son trac, ses hésitations avant de se décider enfin de venir, obéissant à «une voix» pressante qui le sommait de surmonter ses angoisses, «sinon, je ne pourrai plus lire une ligne de ce livre». Il était touchant et non moins convaincant. Certains des candidats sont venus de loin, à l'instar de la jeune Wiam Khira de Sousse qui a présenté «El Wakr» du Tunisien Abderahmane Rebaii : «j'ai soumis tardivement ma candidature et on m'a acceptée, je suis contente», nous dit-elle en souriant. Leurs présences sur l'estrade pour faire découvrir avec émotion, parfois avec le sourire, toujours avec conviction les auteurs qu'ils ont aimés et aimé défendre sont faites pour redonner espoir en l'avenir du livre sous le ciel tunisien, lequel ce jour-là n'était ni bas ni lourd. Il semble que la magie des mots ait opéré.