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Deschamps-Dalić: au début était Blažević
Le professeur et l'élève
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 07 - 2018

Cette fois, la mère est morte, enterrée, pour de bon. La nouvelle a été officialisée dans un couloir du stade Loujniki récemment.
À demi-mot par Ivan Perišić, d'abord, meilleur joueur de la demi-finale face à l'Angleterre, auteur d'une égalisation élastique et d'une passe décisive, un type qui s'est un jour laissé convaincre par Jean-Claude Plessis et Alain Perrin de venir jouer à Sochaux autour d'un bout de steak : « Maintenant, il faut sortir de l'ombre de la génération 1998. » Et définitivement par un Danijel Subašić, enfoui dans un drapeau ensuite: « 1998 ? Maintenant, c'est nous. C'est fini 1998. Parce qu'on est plus forts. » Nous y voilà, enfin: un mois que ces mecs-là ne cessent de le répéter, qu'ils tentent de convaincre leur monde qu'ils peuvent le faire, qu'ils se voient rayer de la carte des aînés inspirateurs. On y est. Aujourd'hui, à Moscou, la Croatie disputera la première finale de Coupe du monde de son histoire et deviendra ainsi le plus petit pays depuis l'Uruguay en 1950 à venir se battre pour une ceinture mondiale. Tout simplement immense !
Tuer les pères de 1998 !
Un vieux monsieur l'a vu arriver, de loin : un scientifique à lunettes de 83 ans, considéré au pays comme « l'entraîneur des entraîneurs » et le père du football croate. Miroslav Blažević, évidemment, guide de la génération 1998, qu'on a trouvé dans la soirée de mercredi avec des yeux brillants. Avant la rencontre face à l'Angleterre, celui qui a cessé de s'asseoir sur un banc il y a quatre ans avait ainsi prévenu dans les colonnes de Libération récemment: « J'espère que nous allons gagner contre l'Angleterre et avoir finalement l'opportunité de jouer contre la France en finale. Car je pense que les Français n'ont aucune chance face à la Croatie d'aujourd'hui. Cette sélection a une très grande concentration de talents. Et il y a surtout une très grande envie de prendre notre revanche sur la France ! » Pour être totalement transparent, Blažević n'a jamais digéré cette défaite en demi-finale du Mondial 1998 et ne cesse de répéter depuis qu'il est « le seul coupable » de ce revers. Croisé à Zagreb il y a deux ans, le vieux professeur avait alors regretté « le remplacement de Zvonimir Boban peu après l'heure de jeu. Les gens ont pensé qu'il était blessé, mais non, il était simplement touché psychologiquement après son erreur sur l'égalisation de Thuram. Je reste persuadé qu'avec Boban sur le terrain jusqu'au bout, on allait en finale. » On ne le saura jamais.
L'homme qui a filé un brassard à Deschamps
Reste que cette finale de 2018 porte aussi la trace de Blažević, lui qui aura coaché Didier Deschamps au FC Nantes lors de la saison 1988-1989, et ce, à une période où le club ne savait pas vraiment où il allait.
C'est l'été de la révolution imaginée par le président Bouyer, le début d'une politique coûteuse, la mise à l'écart de Suaudeau, la période où Deschamps est avant tout vu comme un jeune joueur au potentiel énorme et avec une valeur marchande alléchante sous les crampons. La Dèche sort alors d'un sacre au tournoi de Toulon avec le brassard de capitaine sur le biceps et voit Miroslav Blažević lui demander de prendre la même responsabilité en club, à vingt ans, tout en l'installant au poste de libéro.
« Ça me gêne un peu, confie alors à l'époque le coach yougoslave. Je sais que son avenir international sera au milieu de terrain, mais je sais aussi que c'est un garçon qui a besoin d'espace, de courir énormément pour s'exprimer. » Deschamps, lui, avoue « se régaler » en 5, un poste qu'il occupait déjà en cadets nationaux.
Ce que voit Blažević à cet instant, c'est surtout un leader né, un joueur qui porte les autres, qui fêtera sa première sélection chez les Bleus quelques mois plus tard – le 29 avril 1989, face à la Yougoslavie (0-0) –, mais aussi un mec bouleversé à jamais par la mort de son frère, Philippe, dans un accident d'avion (quatre internationaux français de l'épopée de 1998 avaient perdu un frère avant de remporter la compétition – Deschamps, Desailly, Thuram, Petit) et celle du père de sa femme dans la foulée en décembre 1988. Dix ans plus tard, Deschamps soulèvera la Coupe du monde après avoir éliminé l'homme qui lui aura donné goût aux responsabilités. En 1998, Zlatko Dalić, lui, était venu en France en tant que supporter, ce qu'il a raconté mercredi soir après la qualification pour la finale :
« J'avais suivi les trois premiers matchs de la compétition avant de rentrer à Split, où je devais entamer la préparation avec l'Hajduk. J'avais regardé la demi-finale devant ma télévision. Tout le monde se souvient chez nous des deux buts de Thuram : c'est quelque chose dont on parle depuis vingt ans. Je me rappelle m'être levé lors du but de Šuker et m'être rassis au moment de l'égalisation de Thuram, intervenue une minute après. »
Dans la foulée, le sélectionneur croate a dégagé au loin l'idée de « revanche » et appuyé l'envie de son groupe d'écrire sa propre histoire, désormais. Dalić a aujourd'hui dépassé Blažević, son maître, l'homme dont il aura été l'adjoint au milieu des années 2000 du côté du NK Varaždin et qui se dit aujourd'hui « très fier » de voir l'élève fracasser toutes les attentes.
En Croatie, Zlatko Dalić est surtout l'homme de la « thérapie de choc » chèrement voulue par Davor Šuker il y a plusieurs mois et la gueule d'un football qui commence enfin à s'émanciper des tentacules du monstre Zdravko Mamić. La fierté de Miroslav Blažević est surtout là à l'heure où l'histoire de tout pays se bouscule. Cette finale est, aussi, un peu la sienne.


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