Plusieurs régions du Nord-Ouest sont depuis plusieurs semaines sans eau: un phénomène récurrent, qui inquiète la population et menace la sécurité alimentaire du pays. Retour sur une traversée des campagnes en quête d'eau. Plus qu'une chevauchée vers l'or, la quête de l'eau potable est devenue ces dernières semaines l'une des grandes contraintes majeures pour les habitants des régions du Nord-Ouest, en particulier à Siliana et au Kef, où l'eau est servie au compte-gouttes, ou presque, tant les nappes ont tari et que le niveau des barrages commence à chuter, par ces temps où la canicule étouffe tout le monde. C'est à mourir de désespoir dans ces régions où l'on n'arrive plus à satisfaire la demande en eau des populations, non seulement urbaines mais aussi rurales, où, il est vrai, l'eau se fait de plus en plus rare. Du coup, ce sont les coupures à répétition et les pannes qui se succèdent inlassablement, entraînant la population dans le désarroi et le «sauve-qui-peut» à la recherche de petites quantités d'eau aussi bien pour les hommes que pour les bêtes. Incroyable, mais vrai, la Sonede n'est plus en mesure de fournir l'eau à tout le monde dans ces régions, où les sources coulaient naguère à flots et où l'eau a toujours été à portée de main. La grogne monte chez les éléveurs et les cultivateurs maraîchers qui voient mourir leurs bêtes et leurs cultures à cause du manque cruel d'eau. Beaucoup ont recours au système D en installant des encablures qui leur permettent de rejoindre les points d'eau et de remplir des citernes ou des bidons en plastique à dos d'âne ou sur des camionnettes de fortune . Certaines boulangeries ont fini par fermer leurs portes. D'autres comme Noureddine, ont mis en place un système approprié pour stocker l'eau et faire fonctionner ses fours qu'il arrose en eau pour garantir une bonne cuisson du pain. Ailleurs, c'est la débandade, en particulier dans les cités surélevées où l'eau arrive difficilement, ce qui a conduit la population à lancer un cri de détresse. Le samedi dernier, les Keffois sont même sortis pour manifester leur colère face à une situation jugée intenable. Selon le chef de district de la Sonede, les mesures qui viennent d'être adoptées par le conseil régional de l'eau permettront d'alimenter la ville. Ces mesures portent entre autres sur le raccordement d'un nouveau forage d'un débit de 40 litres/seconde au réseau général de la société. «Nous sommes en mode de survie», s'indigne un habitant de la cité de Abargina, au-dessus du Kef, où l'eau est distribuée, selon lui, au minimum réduit de la survie. Le topo est aussi inquiétant dans les zones rurales qui encerclent la ville, comme Zaâfrana, Borj Il Ifa ou Bahra, également sévèrement affectées par la pénurie d'eau, d'autant plus que le principal puits sondé dans la région a presque tari. Autant alors remettre en cause les propos rassurants du secrétaire d'Etat chargé des ressources hydrauliques lors de la visite qu'il a effectuée au Kef il y a quelques semaines et au cours de laquelle il a tranquillisé la population sur le sort de l'eau potable pendant la période estivale. Une assurance qui ne semble plus tenir qu'à un fil, à moins que les services compétents de la Sonede et du Crda ne parviennent à redresser miraculeusement la barre en se gardant bien de ne pas perdre de leur mémoire le fameux proverbe «qui a lu boira». Bien malin qui pourra prédire l'avenir de l'eau dans notre pays.