Aujourd'hui, Youssef Chahed tentera de séduire les députés pour qu'ils avalisent la désignation de Hichem Fourati au ministère de l'Intérieur Les parties qui soutiennent le chef du gouvernement et celles qui s'accrochent toujours à son départ manœuvrent pour tirer le maximum des négociations à venir La journée d'hier, vendredi 27 juillet, a été celle de la concertation par excellence, aussi bien au niveau de la présidence de la République qu'à celui de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), où les tractations battaient leur plein entre les différents blocs parlementaires, en vue de convenir du vote qui se déroulera, aujourd'hui, pour accorder la confiance à Hichem Fourati, proposé à la tête du ministère de l'Intérieur par Youssef Chahed, chef du gouvernement. Et ce sont les députés nidaistes qui ont été les plus actifs en tenant une réunion extraordinaire de leur bloc avec, à l'ordre du jour : arrêter une décision commune dans le sens d'accorder leur confiance au ministre de l'Intérieur désigné ou de lui administrer un niet catégorique. La particularité de la réunion du bloc parlementaire nidaiste est qu'elle intervient suite à la rencontre de réconciliation ou de resserrement des rangs nidaistes tenue lundi dernier au palais de Carthage sous la présidence du président Béji Caïd Essebsi qui a mis les députés nidaistes devant leurs responsabilités historiques de sauver par eux-mêmes leur parti. Hier, on attendait que les députés nidaistes conviennent d'une position commune. «Et ils ont été unanimes, confie à La Presse Mongi Harbaoui, porte-parole du parti, à décider de ne pas accorder leur confiance à Hichem Fourati». Et si leur vote était perçu comme un encouragement à l'instabilité et à l'insécurité ? «Que Youssef Chahed et ceux qui le soutiennent interprètent notre décision comme ils l'entendent. Nous sommes déterminés à assumer notre responsabilité de débarrasser le pays de ce gouvernement», ajoute-t-il. Les compromis sont toujours possibles Et ceux qui continuent à soutenir Youssef Chahed en invoquant la nécessité de préserver la stabilité du gouvernement de répliquer par la voix de Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, qui insiste, à l'issue de sa rencontre, hier, avec le chef de l'Etat, sur «le besoin de la stabilité gouvernementale, l'unité nationale et la poursuite du dialogue autour des compromis nécessaires pour améliorer la situation du pays». Le discours développé par le président d'Ennahdha rejoint celui d'Abdelkarim Harouni, président du Conseil de la choura, qui a souligné, hier, sur les ondes de Radio Mosaïque, que le pays a besoin de stabilité pour que les engagements soient respectés et que l'attachement d'Ennahdha à la stabilité ne signifie pas qu'une carte blanche est donnée à Youssef Chahed. «D'ailleurs, nous lui avons fait comprendre que son maintien au palais de La Kasbah nécessite qu'il s'engage lui et ses ministres à ne pas se porter candidats aux échéances électorales de 2019». Et le président d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, de laisser, toutefois, la porte ouverte à un possible changement de la position de son parti au cas où les compromis qu'il qualifie de «nécessaires» aboutiraient. Ce qui revient à dire que le soutien accordé par Ennahdha à Youssef Chahed n'est pas irréversible ou définitif. Et pour essayer de découvrir un semblant de lien entre les propos de Rached Ghannouchi, de Mohsen Marzouk et Mustapha Ben Ahmed reçus, hier, également par le chef de l'Etat, on peut déduire que même si le dialogue est pratiquement rompu entre Youssef Chahed et le président de la République, l'on reste convaincu que le chef de l'Etat a toujours «la capacité de trouver les solutions appropriées pour sortir le pays de la crise et garantir le bon fonctionnement des institutions», comme l'a souligné, hier, le député Mustapha Ben Ahmed, chef du bloc parlementaire «Al Watania». Quant à Mohsen Marzouk, S.G de Machrou Tounès, il a insisté sur le rôle qu'ont à assumer les partis politiques et les associations de la société civile «pour faire prévaloir la voix de la sagesse». Des déclarations dans lesquelles on peut lire que rien n'est fait même si aujourd'hui, Youssef Chahed était débouté par les députés et que son nouveau ministre de l'Intérieur n'obtenait pas la confiance requise. En parallèle, la position ferme des députés nidaïstes (en attendant qu'elle soit confirmée lors du vote d'aujourd'hui) est à saisir comme une tentative d'amélioration des conditions de négociation, quand il sera question de trancher «les compromis nécessaires» dont parle Rached Ghannouchi.