C'était vendredi dernier. Le groupe pionnier de la scène musicale underground égyptienne et moyen-orientale s'est produit en exclusivité sur la prestigieuse scène du Festival international de Hammamet et y a mis le feu ! Hany Adel (guitare et chant), Ahmed Omran (oud et flûte), Mohammed Gamal El-Din— surnommé Mizo (percussions et batterie), Ahmed Omar (basse), Asaâd Nessim (guitare acoustique), Iheb Abdel-Hamid — surnommé Bob (percussions), Wael El-Said (accordéon) et Mounir Maher (guitare) ont enchaîné dix-neuf titres, une fine sélection de leurs quatre albums Wust El-Balad (2007), Rubabekya (2011), Karakib (2014) et Bantalony El Jeans (2018). Le coup d'envoi a été donné par «Qol lel malihati», un poème classique qui se chante depuis maintenant 1.300 ans, revu à la sauce de Wust el balad. Belle version ! Ce groupe de musique alternative fondé en 1998 fait dans le soft rock. Il allie le style traditionnel égyptien à la touche musicale moderne. Il fusionne, sans fausses notes, différents genres et répertoires musicaux : folklore égyptien, jazz, blues, rock, sonorités africaines et américo-latines... Malgré tous ces mélanges, toutes ces variations modales, le résultat semble couler de source. Un groove saisissant qui dévoile une recherche musicale très pointue et des rythmes souvent entraînants qui n'ont pas laissé le public indifférent. Ce qui est intéressant, c'est que les artistes de Wust el balad ne chantent pas bêtes ! Ils puisent leurs sujets de la réalité quotidienne dans laquelle ils sont ancrés, du «cœur de la ville»... Engagement et critique, il y en a, sociaux surtout, mais politiques aussi. Et pour la romance, grande place il y a. Chaque chanson est une histoire, réelle ou imaginaire, un «réquisitoire » (aux réseaux sociaux par exemple) ou un hymne à l'amour ou à la condition humaine... Wust el balad est un spectacle pour Hammamet. Le choix est pertinent. Il n'y a rien à dire. Encore une preuve que ce festival n'a pas perdu de son identité, de son ADN.