Ce nouveau concept attire de nombreux Tunisiens qui veulent brader leurs anciens habits pour pouvoir s'en acheter d'autres, faute d'argent ou de moyens financiers…ou pour le plaisir ! Pour se procurer des vêtements, la friperie est connue comme un moyen radical de contourner la rude crise économique qui frappe le pays et ses citoyens. L'érosion du pouvoir d'achat limite les possibilités de s'offrir des habits neufs tout au long de l'année et de façon régulière en dehors des bonnes occasions ou des soldes. La « fripe » s'est répandue depuis belle lurette sous nos cieux avec l'éclosion de la friperie de luxe. Désormais, on peut lui ajouter le concept du « vide-grenier » qui est un moyen comme un autre de faire des économies et sauvegarder de précieux sous. Le vide-grenier participe à l'économie circulaire et favorise le développement durable en ce sens qu'il évite l'accumulation des déchets. Il contribue à l'économie sociale et solidaire en temps de disette économique par ses bienfaits sur le portefeuille des ménages. Pour mieux comprendre l'ampleur du phénomène, une visite sur place est nécessaire. Dimanche 2 septembre 2018, à la cité Hédi-Nouira de l'Ariana, de nombreuses personnes se mobilisent, souvent en famille, afin d'écouler les habits qui ne sont plus à la taille de leurs enfants ou des chaussures trop petites qu'ils doivent céder à tout prix et à n'importe quel prix ! Les vide-greniers peuvent procurer un appoint financier non négligeable et constituer un travail dissimulé pour des particuliers qui participent à un nombre important de manifestations. Le plus souvent, les vide-greniers sont organisés par des associations ou comités de quartier qui perçoivent un droit de participation des exposants. Le Tunisien ressent souvent un grand ennui le dimanche à cause du manque criant d'attractions et d'espaces de loisirs publics. On constate alors un raz-de-marée dès qu'il y a un parc vert relativement bien aménagé. Au point qu'il se transforme, au final, en un point de vente tout trouvé pour la municipalité qui octroie des autorisations à tour de bras pour contenter les habitants du quartier. Revenus en berne des ménages Amina K., mère au foyer, la quarantaine, résidente d'un quartier limitrophe, raconte son intérêt pour cette manifestation commerciale dominicale. «J'ai ramené un lot de fringues de mes enfants entre vêtements et manteaux qu'ils ne peuvent plus porter car ils ne sont plus ajustés à leur taille. Cela afin de leur acheter d'autres habits de la friperie. Le revenu de mon mari ne suffit plus pour habiller la famille sans recourir à ce stratagème». Les Tunisiens vivent des jours difficiles et le père de famille se retrouve parfois endetté jusqu'au cou pour satisfaire en permanence les besoins alimentaires et vestimentaires de sa progéniture. «Faire contre mauvaise fortune bon cœur», un adage qui collerait bien à la situation du père de famille tunisienne qui vit au rythme des infortunes diverses liées à l'enchaînement insoutenable des dépenses. Celles-ci connaissent un pic en période estivale pour assurer le bien-être de la famille et de la progéniture. Le marathon des dépenses liées aux fêtes religieuses, aux festivités nocturnes et ceux de la vie quotidienne ne connaît aucun répit. L'intermède entre vacances et rentrée scolaire devient insoutenable pour le portefeuille du père de famille et des parents au bord de la rupture mentale et de la crise de nerfs. Le vide-greniers constitue alors une solution inespérée qui tombe à point nommé. Certains le prennent à cœur comme une distraction du dimanche. Comme ce père d'une fillette, Moez M. Il raconte l'air enchanté : «Je ramène ici des objets obsolètes dont je ne me sers plus pendant que mon épouse prépare tranquillement le déjeuner. Pour moi, cette activité revêt plus d'intérêt que celui qui consiste à glander dans un café du coin. Je trouve même du plaisir lorsque je vends un objet encombrant et qui n'a plus sa place chez moi». Dérivés du vide-greniers Un vide-greniers appelé aussi braderie, foire aux puces ou bric-à-brac est un rassemblement populaire au cours duquel des particuliers exposent les objets dont ils n'ont plus besoin, afin de s'en départir en les vendant aux visiteurs. Les vide-greniers peuvent se dérouler aussi bien sur la voie publique que dans des espaces fermés comme les salles. Certaines restrictions peuvent être imposées aux vendeurs ou exposants. Elles vont de l'interdiction de vente d'animaux, d'armes, à celle qui prohibe l'exposition-ventes de produits alimentaires (qui sont vendus dans des espaces spécifiques). Les biens proposés sont particulièrement les vêtements, livres, vaisselle, jouets, disques et meubles. D'autres concepts analogues pourraient voir le jour en Tunisie à l'instar du vide-maison parce que réalisé dans les garages ou jardins de particuliers et non sur le domaine public. Ils nécessitent une déclaration à la mairie. Il existe également ce qu'on appelle le vide-poussette ou la vente consacrée aux vêtements et accessoires pour enfants.