Une programmation qui rend hommage au 7e art et des défis de structuration et de rayonnement. Le 18 septembre, la cinémathèque tunisienne entame sa nouvelle saison par une programmation qui s'annonce éclectique. Entre septembre et décembre, leçons de cinéma, hommages, rétrospectives et découvertes filmiques sont au menu. Trois jours avant le premier volet du programme — un hommage à la réalisatrice tunisienne Kalthoum Bornaz avec entre autres la projection de son dernier film « L'autre moitié du ciel » qui évoque la question de l'héritage —, la cinémathèque a choisi d'accompagner la rentrée des étudiants en cinéma avec une leçon inaugurale donnée par la philosophe et universitaire Rachida Triki. S'ensuit une séance de rattrapage pour ceux qui ont raté le palmarès du Festival international du film amateur de Kélibia (19 septembre) et une chance de découvrir à Tunis le palmarès du festival du court-métrage du Kef (24 septembre). Entre les deux, c'est le cinéma argentin qui s'invite sur l'écran de la cinémathèque tunisienne. Ainsi va la programmation jusqu'à la fin de l'année. Une programmation qui brasse large, entre cinéastes et métiers du cinéma à l'honneur (Youssef Chahine, le producteur Mohamed Ben Smaïl, le métier de projectionniste, Costa Gavras et Yves Montand) et cycles consacrés à des thématiques artistiques ou d'actualité sociale et politique locale et internationale (les professeurs à l'écran, la folie, Don Quichotte, souveraineté alimentaire, la pauvreté, la Palestine, la Tunisie vue par…). «Nous cherchons à fédérer le public autour de la qualité. Nous voulons interpeller avec des thèmes qui incitent à la réflexion, ouvrent des perspectives intellectuelles et nourrissent le rêve et l'imaginaire», décrit le directeur de la Cinémathèque, Hichem Ben Ammar. La semaine du 6 au 11 novembre sera placée sous le signe des journées cinématographiques de Carthage qui auront lieu à la même période et que la cinémathèque accompagne par une série de projections autour de «Les JCC au service du documentaire» et en revisitant le palmarès de l'édition 2018. Ce premier trimestre de programmation s'achèvera avec «Ciné-vacances», consacré aux films Disney de 1930 à 1960. Un lieu réparateur et un noyau qui essaye de se structurer malgré tout Pendant la pause estivale de la Cité de la culture, l'équipe de la Cinémathèque s'est attelée à préparer la rentrée, mais aussi à réfléchir aux leçons apprises au bout de son premier trimestre inaugural (mars –mai). Ces onze semaines ont été riches en projets avec 231 films montrés, 24 cycles, 4 hommages, 8 invités étrangers, 2 expositions, 4 leçons de cinéma, et de nombreux défis. L'un des plus importants est l'absence d'un nombre conséquent de spectateurs. 12 séances ont, en effet, été annulées pour absence de public pendant cette période. La principale raison en a été le fait d'organiser deux cycles par semaine. «Les films projetés en même temps étaient comme en concurrence. Nous avons décidé de programmer un seul cycle par semaine pour gagner en public et pouvoir projeter les films plus d'une fois», nous explique le directeur de la Cinémathèque. La réorganisation des séances n'est pas à elle seule capable d'attirer plus de monde. Consciente de cela, l'équipe de la Cinémathèque réfléchit à apporter des améliorations dans le fonctionnement interne de l'institution, dans la stratégie de communication et à la mise en place d'une billetterie et d'un service d'abonnement. «Cela sera possible quand nous aurons notre propre budget. La Cinémathèque fonctionne grâce au budget du CNCI et n'aura le sien qu'en 2019», déclare Hichem Ben Ammar. Et d'ajouter «Ainsi, nous pourrons envisager d'autres actions de grande importance pour une cinémathèque, comme la collection, la sauvegarde et la numérisation des œuvres cinématographiques, qui seront parmi les priorités de l'année prochaine». Des bases pour ces actions sont déjà en place à travers des collaborations avec la société civile locale comme les fédérations tunisiennes de cinéclubs et de cinéastes amateurs, et de nombreux défis sont encore à surmonter par la Cinémathèque pour un rayonnement sur toute la Tunisie et pour se placer sur l'échiquier des Cinémathèques du monde. Pour cela, l'équipe travaille à donner des gages de sérieux et de qualité. «C'est un noyau qui essaye de se structurer malgré tout, et je pense que le public a perçu notre sérieux. Nous sommes ravis de constater que c'est un lieu réparateur, où les clivages s'estompent et les gens du métier viennent avec une neutralité bienveillante», estime Hichem Ben Ammar.