A l'approche des élections de 2019, la prochaine bataille entre Nida Tounès et le camp de Youssef Chahed pourrait bien être celle du ralliement d'un maximum d'élus locaux. Pour le moment, en termes de pouvoir local, Nida Tounès détient les cartes en main. Après l'ultimatum de 24 heures donné à Youssef Chahed pour répondre à un questionnaire humiliant pour le chef du gouvernement, en sa qualité de membre de Nida Tounes, et la réponse tout aussi humiliante du chef du gouvernement qui avait déclaré «qu'il n'avait pas le temps», l'instance politique de Nida Tounes a décidé de transférer le «dossier» Youssef Chahed devant la commission de discipline du parti, tout en «gelant» son adhésion. C'est la décision rendue publique vendredi après-midi, en se référant aux articles 59, 67 et 69 du règlement intérieur du parti. Pourtant, après une recherche sur internet, impossible de mettre la main sur un quelconque règlement intérieur de ce parti, tout comme il est impossible de retrouver un site web officiel de ce parti qui n'a pas encore tenu son congrès constitutif. D'ailleurs, l'instance politique du parti a, dans la même réunion de vendredi, confié à l'homme fort du parti Sahel Ridha Charfeddine, la mission de conduire la commission préparatoire chargée d'organiser le premier congrès électif. Selon le communiqué, ce congrès devrait se tenir au plus tard les 26 et 27 janvier 2019. Des décisions qui ont suscité plusieurs réactions dont celle du président du nouveau bloc parlementaire de l'Alliance nationale, Mustapha Ben Ahmed, qui a estimé que le «clan Hafedh Caïd Essebsi» n'a aucun autre moyen d'agir que l'exclusion, et ce, depuis ce qu'il qualifie de «putsch du 1er novembre 2015» pendant lequel les alliés de HCE auraient utilisé la manière forte pour faire asseoir l'autorité du chef autoproclamé. Ben Ahmed considère que le directeur exécutif du parti devrait désormais ouvrir les yeux sur une nouvelle réalité politique. Selon lui, l'exclusion de Youssef Chahed du parti, après avoir échoué à l'exclure du pouvoir, est simplement un pas de plus vers la décrédibilisation de «ce qui reste du parti Nida Tounes». Profil bas Contacté par La Presse, le député Mongi Harbaoui, qui compte parmi les proches du directeur exécutif Hafedh Caïd Essebsi, n'a pas souhaité réagir aux propos des détracteurs. Cependant, il nous explique que le parti a choisi d'opérer de manière progressive en ce qui concerne le «dossier Youssef Chahed». Ainsi, conformément au règlement intérieur du parti, la commission de discipline aura plusieurs options. Avant d'exclure définitivement Youssef Chahed du parti, la commission pourrait décider de convoquer le chef du gouvernement à comparaître devant elle. Mais à la lumière de la réaction méprisante de Youssef Chahed à l'égard du fameux «questionnaire», il est peu probable qu'il réponde présent à une quelconque convocation. Le divorce semble consommé entre les deux personnages, et à moins d'un coup de théâtre, l'équipe de Youssef Chahed fera désormais cavalier seul. Jusqu'à présent aucun membre du gouvernement n'a accepté de démissionner de son poste. Une donne qui renforce encore plus l'actuel chef du gouvernement et le rend hermétique à toute critique ou tentative de déstabilisation. Mais en même temps, Nida Tounès n'est pas près de baisser les armes. Même si plusieurs personnalités de premier plan ont quitté le navire Nida, d'autres personnages influents sont déterminés à garder le parti en vie. C'est le cas de l'homme d'affaires Ridha Charfeddine, qui pourrait, dans les semaines à venir, jouer un rôle prépondérant à l'intérieur du parti. A l'approche des élections de 2019, la prochaine bataille entre Nida Tounès et le camp de Youssef Chahed pourrait bien être celle du ralliement d'un maximum d'élus locaux. Pour le moment, en termes de pouvoir local, Nida Tounès détient les cartes en main.