Avocats sans frontières (ASF) a suivi les audiences des chambres spécialisées. Son rapport relève, entre autres, l'absence des présumés responsables de violations graves des droits humains Après de nombreux reports, s'est ouvert enfin le 29 mai dernier le premier procès des chambres spécialisées en justice transitionnelle. Ont suivi huit autres affaires de graves violations des droits de l'Homme dont les audiences se sont déroulées dans plusieurs tribunaux établis dans différentes villes du pays : Gafsa, Tunis, Nabeul, Le Kef, Kasserine, Sousse et Sidi Bouzid. L'organisation Avocats sans frontières (ASF), engagée depuis l'année 2012 dans le soutien au processus de justice transitionnelle en Tunisie, a suivi ces premières audiences des chambres pénales spécialisées. Le rapport qu'elle vient de publier à ce sujet a été établi par son réseau d'observateurs. Des fuites à l'étranger Ces chambres spécialisées, treize en tout, installées dans les tribunaux de première instance sont composées de cinq magistrats formés en matière de justice transitionnelle. «Les présidents des chambres spécialisées ont bien géré le déroulement des premières audiences», constate le rapport d'ASF. Autre point positif relevé par les observateurs de l'ONG : «Le procureur de la République est en train de transmettre les dossiers aux chambres conformément à l'ordonnance de renvoi qui lui a été transmise par l'Instance vérité et dignité». Or, fait remarquer le rapport, l'absence des accusés de ces premières audiences entache les procès d'une grande faiblesse. Le fait que les suspects soient des ex-présidents de la République, d'anciens ministres, de hauts fonctionnaires publics, des agents et officiers des forces de l'ordre y est probablement pour beaucoup. Selon Halim Meddeb, d'ASF, les audiences qui ont eu lieu se ressemblent : «Des victimes motivées, des accusés absents, à part dans deux ou trois cas, une société civile mobilisée, notamment pour le procès Matmati, des dizaines d'avocats de la partie civile présents et des médias défaillants malgré la gravité des sujets et l'importance du processus», décrit-il. Et à Antonio Manganella, directeur du bureau d'Avocats sans frontières, d'ajouter : «A cause de l'éclipse des accusés, jusqu'ici les procès ressemblent plus aux auditions publiques de l'Instance vérité et dignité, avec la prédominance de la parole des victimes, qu'à autre chose». La plupart des chambres spécialisées ont décidé de convoquer de nouveau pour les prochaines audiences les accusés et les témoins qui ne se sont pas présentés auparavant. Le rapport d'ASF relève également que devant la fuite à l'étranger de deux accusés, des décisions d'interdiction de quitter le territoire ont été enregistrées au cours des procès Matmati, Abdouli et celui relatif aux martyrs et blessés de la révolution.