L'équipe Afrobaromètre en Tunisie, menée par One to One for Research and Polling, s'est entretenue avec 1.200 adultes Tunisiens en avril-mai 2018 sur leur perception de la corruption. Un échantillon de cette taille produit des résultats d'ordre national avec une marge d'erreur de +/-3 points de pourcentage à un niveau de confiance de 95%. Des enquêtes ont été précédemment menées en Tunisie en 2013 et 2015 Six Tunisiens sur 10 affirment risquer des représailles en rapportant des actes de corruption, tandis qu'une proportion équivalente pense que les citoyens ordinaires peuvent contribuer à lutter contre la corruption, d'après une enquête récente d'Afrobaromètre. Les citoyens ne s'entendent pas quant à savoir si les autorités réagiraient en cas de dénonciation de tels incidents. L'enquête démontre également que sept Tunisiens sur 10 affirment que le niveau de corruption dans le pays a augmenté par rapport à l'année précédente. La corruption vient en troisième place des problèmes les plus importants auxquels les citoyens voudraient que le gouvernement s'attaque, et les citoyens sont largement insatisfaits des efforts du gouvernement en vue de l'enrayer. Les fonctionnaires du gouvernement et les parlementaires sont perçus comme étant les dirigeants les plus corrompus, tandis que la police est l'institution que les citoyens reconnaissent corrompre le plus fréquemment. Aussi bien les personnes riches que les personnes ordinaires, dans une moindre mesure, pourraient verser des pots-de-vin ou se servir de leurs connaissances personnelles pour obtenir illégalement des avantages, selon l'enquête. Les perceptions de la corruption officielle étaient l'une des principales raisons de la vague de manifestations de 2010-2011 qui ont conduit au renversement du président Ben Ali. Sept ans après ces manifestations, la Tunisie n'a toujours que 42 points (sur 100) sur l'indice 2017 de corruption perçue de Transparency International et s'est classée 74e sur 180 pays, marquant un changement imperceptible par rapport à la 73e place de 2011. Résultats clés Six Tunisiens sur 10 (59%) environ sont «d'accord» ou «tout à fait d'accord» pour dire que les citoyens ordinaires peuvent contribuer efficacement à la lutte contre la corruption. Une proportion égale (61%), cependant, affirme que les gens risquent des représailles lorsqu'ils signalent des actes de corruption. Quatre répondants sur 10 (41%) seulement affirment qu'il est «quelque peu probable» ou «très probable» que les autorités réagissent lorsque des actes de corruption leur sont signalés. Une proportion égale (42%) affirme qu'il est «pas très probable» ou «pas du tout probable». Deux-tiers (67%) des Tunisiens affirment que le niveau de corruption a augmenté durant l'année précédente. La proportion des citoyens qui affirment que le niveau de corruption a «augmenté beaucoup» s'est accrue de 42% en 2015 à 55%. La corruption est le troisième problème le plus important auquel les citoyens voudraient que le gouvernement s'attaque, après le chômage et la gestion de l'économie. Deux-tiers (64%) des Tunisiens affirment que le gouvernement travaille à lutter contre la corruption «très mal» ou «assez mal». Les appréciations des citoyens quant aux efforts du gouvernement dans la lutte contre la corruption sont demeurées critiques depuis 2013 (67%). Trois Tunisiens sur 10 affirment que «tous» ou «la plupart» des fonctionnaires du gouvernement (31%) et des parlementaires (30%) sont corrompus. Les juges et magistrats sont considérés les moins corrompus: 16% des répondants affirment que «tous» ou «la plupart» sont corrompus. Parmi les répondants qui ont eu affaire à des services publics durant l'année précédente, presque deux sur 10 affirment avoir versé des pots-de-vin au moins une fois afin d'éviter des problèmes avec la police (17%) ou obtenir l'assistance de la police (15%). Un sur 10 affirme avoir versé des pots-de-vin au moins une fois afin d'obtenir des pièces d'identité (12%), des soins médicaux (11%), des services ménagers (10%), ou des services dans les écoles publiques (8%). La plupart des Tunisiens affirment qu'aussi bien les riches que les personnes ordinaires pourraient verser des pots-de-vin ou faire usage de leurs connaissances personnelles pour éviter de payer des taxes, d'aller dans les tribunaux, et enregistrer des terrains qui ne sont pas leurs propriétés. Les riches sont considérés comme les plus susceptibles de verser des pots-de-vin.