L'enjeu de la lutte contre la tuberculose bovine vise à réduire le risque de contamination humaine, mais aussi à mieux protéger le cheptel bovin et développer la production. A l'initiative de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap), une journée nationale a été organisée autour de la lutte contre la tuberculose bovine ce jeudi au siège de l'Utap et en présence des différents acteurs du secteur, dont notamment les agriculteurs, les vétérinaires, les experts, ainsi que les représentants des ministères de l'Agriculture et de la Santé. Des statistiques en hausse «Cette journée s'inscrit dans le cadre de la sensibilisation, la prévention et le suivi de la stratégie nationale de la lutte contre la tuberculose à l'horizon 2032, élaborée en 2016 et appliquée au début de l'année en cours», a souligné le président de l'Utap, Abdelmajid Ezzar. Nous ne sommes pas dans une situation épidémique, a-t-il tenu à signaler. Il a toutefois déploré le manque de communication avec l'agriculteur sur le terrain en matière de sensibilisation sur les mesures de lutte contre la tuberculose bovine et a souhaité la concrétisation, le plus tôt possible, de la mise en place d'un fonds de santé animale afin de mieux protéger le cheptel bovin et de développer la production. Deux millions de dinars sont consacrés à l'action de la lutte, ce qui est très peu, a fait savoir de son côté Malek Zrelli, directeur général des services vétérinaires relevant du ministère de l'Agriculture .Pour pouvoir mettre en application cette stratégie et lutter efficacement contre la tuberculose bovine, il nous faudra au moins une enveloppe de 150 millions de dinars pour les années à venir, a-t-il précisé. Plusieurs intervenants se sont plaints des graves infractions commises par certains acteurs qui interférent dans la chaîne de l'élevage et de la vente, et de l'absence de contrôle dans plusieurs abattoirs, ce qui est susceptible d'accroître le risque de la maladie et de la contamination. En termes de statistiques, se rapportant aux cas d'infection enregistrés, on est à la hausse. En effet, 8.645 cas ont été enregistrés en 2016 contre 10.458 en 2018, a fait savoir Dr Asma Lazghab lors de cette journée. La stratégie nationale de lutte contre cette maladie à l'horizon 2032 a programmé des actions de désinfection qui toucheraient 12 mille têtes bovines pour la période 2018-2022, et 15 mille pour la période 2023-2027. A cet effet, l'Etat a alloué la somme de 1.924 millions de dinars pour les agriculteurs en 2018. Aucun cas de la vache folle Dans un entretien avec le pr Ahmed Rajeb, ce dernier nous a parlé de l'importance de l'action commune de toutes les parties prenantes pour lutter contre la tuberculose bovine qui passe de l'animal à l'homme et impacte l'environnement. A l'OMS, on parle dans ce contexte du concept de l'initiative One health qui promeut une approche globale et unifiée. La lutte doit être donc menée sur deux fronts, car la tuberculose passe de l'animal à l'homme. «La maladie existe en Tunisie comme partout dans le monde, mais ce qui est bien dans notre pays, c'est cette prise de conscience de la gravité de la tuberculose et des actions de prévention», nous explique-t-il. Notre interlocuteur a assuré qu'on n'a pas enregistré de cas de vache folle dans le pays contrairement à la maladie de Creutzfeldt-Jakob observée chez l'homme (une dégénérescence du système nerveux central). Il a insisté, à la fin, sur l'importance de renforcer le diagnostic précoce dans le cadre de la lutte conte la tuberculose.