Elle est venue au siège de l'Association vigilance pour témoigner samedi dernier d'un scandale, une thèse aux trois quarts copiée sur d'autres sources dont elle était le rapporteur. Samiha Khelifa est enseignante à l'Institut supérieur agronomique de Chott Meriem, l'étudiante, auteure de la thèse de doctorat, est la fille d'un collègue à elle. En octobre 2017, Samiha Khelifa découvre que la jeune femme a plagié 157 pages d'ouvrages et d'articles que l'enseignante connaît très bien sur les 223 pages de son travail de recherche. Elle rédige alors un rapport détaillé de 100 pages et le présente aux autres membres de la commission de thèse et à sa hiérarchie. Si Samiha Khelifa réussit, non sans mal, à interdire, selon le décret 2008 sur le plagiat, que l'étudiante présente son travail, elle n'arrive pas à comprendre que la jeune femme puisse décrocher son diplôme grâce à sa soutenance en France, sous le régime de cotutelle, à l'Université Paul-Valéry de Montpellier. « Sans aucune coordination avec la partie tunisienne. Ce qui est contraire aux conventions entre nos deux pays », s'étonne le professeur. Pire encore : pour avoir tenu bon et continué à s'insurger contre cette affaire de malversation intellectuelle, elle devient la pestiférée de l'université de Sousse. Chantage, insultes, rumeurs et tentatives de diffamation la ciblent, notamment lorsqu'elle dénonce l'affaire auprès du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et du côté des médias. Ceux qui l'attaquent ne sont autres que ses collègues, qui la considèrent comme «traîtresse». «Je veux comprendre si le plagiat est une fraude ou pas. Si j'arrête un étudiant avec une fausse copie n'est-il pas cohérent également de sanctionner un plagiaire ?», s'interroge Samiha Khelifa. Grâce au soutien de l'Association tunisienne de défense des valeurs universitaires (Atdvu), l'enseignante a reçu un appui moral et humain de toute importance. «Or la cabale qui me vise veut aussi décourager tout autre dénonciateur de mon espèce», se désole Samiha Khelifa.