Deux journées studieuses pour lancer une étude stratégique sur l'économie bleue durable… La capitale du Nord a abrité, les 20 et 21 octobre, la première édition du forum de la Mer Bizerte 2018, un rendez-vous désormais annuel consacré à la mer dans tous ses aspects. Le choix de Bizerte n'est pas anodin, il est dicté par le fait qu'il s'agit de la ville la plus septentrionale de l'Afrique, dotée d'un patrimoine écologique, culturel et maritime exceptionnel et en plein développement, selon Marine Allègre, chef de cabinet responsable de la communication à l'ambassade de France en Tunisie. Organisée par l'Institut tunisien des études stratégiques (Ites) avec l'Union pour la Méditerranée et la Saison bleue sous le haut patronage du président de la République tunisienne, cette manifestation a drainé une affluence énorme dans un hôtel au centre de la ville. A cette occasion, on a vu, lors de la première journée, se succéder au pupitre le maire de Bizerte pour souhaiter la bienvenue aux participants venus de tout le pays et de l'étranger, puis Son Excellence l'ambassadeur de France en Tunisie pour présenter le programme dudit forum. Le samedi 20 octobre a été consacré plutôt à la réflexion. Experts, chercheurs maritimes, personnalités politiques et autres spécialistes du domaine étaient là à écouter les critiques et remarques émises par les intervenants. On eut droit alors à des ateliers pour la discussion et les échanges. On a traité à la fois de l'environnement marin, des industries, investissements et infrastructures maritimes (ateliers 1 et 2) et des nouvelles frontières de la mer et des loisirs et culture maritimes (ateliers 3 et 4). Les interventions étaient passionnantes, puisqu'elles ont mis le doigt sur les problèmes de pollution de la mer sous toutes ses formes. Outre le côté pédagogique généralement abstrait des questions et réponses, on a évoqué l'inefficacité de l'opération d'enrochement à la plage des grottes à Bizerte contre l'érosion et le cas de cette mer souillée récemment par une fuite de fuel oil des réservoirs de la Stir. Un exemple concret qui a dénoncé cette défaillance au niveau des compétences mais qui peut aider à faire évoluer les techniques de lutte contre la pollution. Toutefois, l'ouverture officielle de ce Forum de la Mer Bizerte 2018 a débuté le lendemain par les interventions de Néji Jelloul, directeur de l'Ites, suivi par Riadh El Mouakher, ministre des Affaires locales et de l'Environnement. Durant toute la matinée, il a été question de littoral, d'environnement, d'écologie, mais aussi de changements climatiques. «Un Davos de la mer» Dans l'une de ses interventions, M. Olivier Poivre d'Arvor, l'ambassadeur de France en Tunisie, a déclaré que l'ambition de ce forum est de mettre en place un Davos de la mer. Pour dire à quel point le travail de protection de l'environnement marin est collectif, que de ministres, d'experts, de politiques, de figures emblématiques se sont relayés ! Ils ont tous apporté leurs témoignages, leurs expériences. Leur nombre était impressionnant! Le but de cette journée, studieuse à souhait, était de dévoiler une étude stratégique approfondie sur l'économie bleue durable, cette économie circulaire peu polluante, efficace dans l'utilisation des ressources et basée sur des modes de consommation et de production durables, favorisant le bien-être humain et l'égalité sociale. C'est ainsi que le manifeste de Bizerte appelle tous les acteurs à s'engager et à faire réussir les décisions prises au cours de ce forum. «La Tunisie attache, en effet, beaucoup d'importance à la coopération avec les pays de l'espace euro-méditerranéen pour contenir les risques de la dégradation du milieu marin», a rappelé le ministre des Affaires locales et de l'Environnement, M. Riadh El Mouakher, lors de cette 2e journée. Quant à M.Néji Jalloul, il a fait savoir que l'Ites a déjà élaboré les grandes lignes d'une stratégie élargie pour repenser le modèle de développement, en se basant sur les ressources de la Tunisie. A l'issue des travaux, on a eu le sentiment que tout le monde, du beau monde, était animé de la volonté d'améliorer l'état de la Méditerranée, de la préserver de la pollution, du Nord au Sud. Vaste projet et le défi est considérable! Pendant ces deux journées, Bizerte a vécu à l'heure de la fête de la mer. Des activités culturelles et des interventions urbaines ont animé la ville : exposition, gastronomie, compétitions nautiques, projections... Le tout suivi par un large public, tout particulièrement au Vieux port.