200 anciens détenus âgés entre 16 et 30 ans seront accompagnés par l'association Face Tunisie afin de les aider à construire un projet de vie. L'association Face Tunisie a organisé, mardi dernier à Tunis, avec le soutien de l'Union européenne, une conférence au cours de laquelle elle a annoncé le lancement de son nouveau projet «Ebni» d'appui à l'insertion socioprofessionnelle de 200 jeunes sortant de prison. Cette conférence de lancement vise à mobiliser les représentants des divers ministères et institutions d'appui, les acteurs de la société civile, les sociologues, psychologues et chefs d'entreprise afin de débattre des moyens d'insertion sociale et professionnelle des jeunes sortant de prison et des outils de détection et de prévention de la radicalisation. Des conventions de collaboration entre l'association Face Tunisie et plusieurs ministères, organismes d'appui, associations (Arforghe et ADD) et entreprises impliquées dans ce projet (ABC Bank, Groupe One Tech…) ont été signées par la même occasion. Luttons contre l'exclusion Le projet «Ebni» qui sera mis en œuvre sur trois ans, entre 2018 et 2021, vise à accompagner 200 jeunes Tunisiens de 16 à 30 ans (filles et garçons) dans la construction de leur projet de vie après la prison ou le centre de rééducation. Selon la présidente de Face Tunisie, Zohra Ben Nasr, «ce projet interviendra dans plusieurs régions du pays selon les besoins et les priorités, précisant que 40 acteurs du milieu socioéducatif seront formés à l'accompagnement de ces jeunes». Et d'ajouter que «100 collaborateurs et entrepreneurs seront mobilisés dans le processus d'appui à la réinsertion socioprofessionnelle de ces jeunes». D'après elle, plusieurs facteurs peuvent expliquer le phénomène de leur radicalisation dont la déstructuration du lien familial ou scolaire, la perte de repères, l'effritement du lien social et les difficultés d'insertion professionnelle. Le ministre de l'Education, Hatem Ben Salem, a souligné, pour sa part, que «la réinsertion de ces jeunes implique la mobilisation de tous les ministères, rappelant que le programme "L'école de la deuxième chance" a été lancé pour venir en aide à cette catégorie de jeunes». En janvier 2019, un réseau national d'accompagnateurs regroupant associations, experts, institutions d'appui et entreprises privées sera constitué afin de suivre de près les différentes étapes d'encadrement et de formation et évaluer les changements des attitudes et des comportements des jeunes bénéficiaires jusqu'à la fin du projet. Il est à noter que les jeunes sortant de prison ou de centre de rééducation sont particulièrement vulnérables. A la sortie de prison, ces citoyens et citoyennes, en majorité des jeunes, se retrouvent isolés, fragilisés, sans soutien familial, sans emploi, sans statut social et sans abri ni logement. Le regard et le rejet d'autrui et les préjugés sociaux entravent généralement leur réintégration dans le tissu social, économique et familial et conduisent à leur marginalisation. Il n'est pas rare, ainsi, que les anciens détenus ne trouvent de solidarité que parmi d'autres anciens codétenus ou au sein de réseaux de banditisme dangereux !