La baisse continue du niveau de notre enseignement n'est plus à démontrer. Ses origines sont multiples et difficiles à déterminer avec précision. Il n'en reste pas moins qu'il est possible d'en relever quelques indices qui peuvent servir au dépistage des contre-performances et des anomalies qui perturbent réellement la bonne marche de notre système éducatif. Sans ordre de priorité, il faudrait commencer par l'élaboration des emplois du temps. Il n'y a pas si longtemps, ces emplois étaient faits sans l'aide de logiciels par des agents chevronnés de l'établissement. C'était, généralement, le directeur de l'école pour le primaire, ou du collège ou du lycée. C'était, aussi, le censeur ou le surveillant général. Dans beaucoup de cas, on avait, toujours, sous la main un cadre administratif qui s'occupait totalement de cette tâche. Il avait une maîtrise parfaite de toutes les exigences de l'établissement (nombre d'élèves, nombre de salles, d'enseignants, la superficie de ces salles, leur situation, en somme, tous les menus détails qu'un logiciel informatique passe-partout ne peut pas connaître). Le travail, même s'il ne satisfaisait pas pleinement les différentes parties avait cet avantage de prendre en considération les aspects humain et pédagogique. On parvenait, en tout cas, à exaucer plus ou moins les desiderata des uns et des autres. En effet, un emploi n'est pas une recette de cuisine. C'est, pour ceux qui ne le savent pas ou ne veulent pas le savoir, le cœur de toute l'opération d'apprentissage. S'il est mal fait (comme le sont la majorité des emplois) il en résultera des conséquences néfastes sur le rendement des élèves, en premier lieu. Ce qui se passe, actuellement, ne fait que compliquer encore plus la vie aux élèves et au reste de la famille éducative. Ceci, sans parler de celle des parents. Le ministère de l'Education, croyant bien faire, a opté pour l'utilisation d'un logiciel pour préparer ces outils de travail. Du coup, les responsables des établissements n'ont rien d'autre à faire que d'introduire les données demandées pour obtenir rapidement les emplois dont ils ont besoin. Seulement, ce travail mécanique n'est pas du tout parfait puisqu'il occulte des côtés très importants de la réalité. Les exigences qui sont privilégiées sont, surtout, celles des algorithmes mis en œuvre dans le programme informatique utilisé et non les considérations pédagogiques et pratiques en lien avec les programmes. Horaires inconvenants La répartition des horaires n'accorde aucune considération à l'endurance de l'élève, puisqu'on lui impose, parfois toute une journée de cours de 8h00 à 18h00. Au milieu de la journée, on prévoit des heures creuses à gogo. De plus, aucun intérêt n'est donné à la place des matières qui doivent être étudiées dans les séances matinales ou de l'après-midi. Que doit-on privilégier ? Des matières comme les maths ou la physique ou encore l'éducation physique ? Comment peut-on accepter un emploi où l'élève commence, quotidiennement, les cours à 8h00 sans aucun répit, durant toute la semaine ? D'autres aberrations existent que les parents ont voulu réparer. Mais les responsables des établissements restent de marbre contre tout bon sens. Pourtant, le favoritisme est, toujours, en vigueur. Ces mêmes directeurs qui se montrent intraitables ne manifestent pas le même entêtement avec d'autres parents pour des raisons particulières. Les Commissariats régionaux à l'éducation, eux aussi, sont fermés aux suggestions et aux réclamations des parents. Ils ne daignent même pas répondre aux citoyens qui s'adressent à eux en suivant les voies légales. En d'autres termes, les parents sont royalement ignorés alors que des discours officiels veulent nous faire croire l'inverse. Cette rupture s'approfondit de jour en jour et risque d'aggraver les rapports entre l'école et son environnement. La situation qui prévaut, aujourd'hui, va à contre-courant de ce que l'on prétend faire. L'administration scolaire n'a jamais été autant coupée de son milieu naturel. Attitudes à réviser Il est, certes, malheureux de constater cette décadence, mais il faudrait réagir au plus vite pour redresser la barre et rendre à l'école son rôle véritable. L'institution éducative, faut-il le rappeler, n'est pas la propriété d'un ministère ou d'un directeur. Elle appartient à la communauté. Donc, le citoyen doit avoir son mot à dire dès qu'il sent que l'avenir de son enfant est menacé. L'attitude de ces responsables qui campent sur des positions obstinées doit être révisée. Car ils doivent comprendre que les parents, eux aussi, peuvent avoir des points de vue raisonnables et pratiques. C'est, notamment, le cas dans les pratiques pédagogiques constatées dans le primaire et qui se poursuivent jusqu'au secondaire. On trouve, encore, des enseignants qui dictent les cours. L'utilisation du tableau est rare. Dans le primaire, l'impact est certain. On obtient des élèves qui n'ont aucune maîtrise de l'orthographe. Par ailleurs, le rythme de la dictée est rapide ce qui ne permet pas à de nombreux élèves de noter toutes les leçons. C'est très handicapant. L'accumulation de ces anomalies conduit à former des élèves qui ne sont pas capables d'écrire correctement puisqu'ils ne sont pas familiarisés avec l'orthographe en usant de leur mémoire visuelle. Cette faiblesse les poursuivra tout au long de leur cursus. Pourquoi, se demanderait-on, un enseignant n'utiliserait-il pas le tableau quand il est appelé à le faire ? Avant, ceux qui recouraient à la dictée comblaient ces lacunes en distribuant des polycopies ou en écrivant au tableau les mots difficiles. Sur d'autres plans, nos élèves subissent les demandes les plus extravagantes de la part de leurs enseignants à l'instar de cahiers spéciaux qui coûtent très cher et qui ne seront jamais utilisés comme il était prévu. Certains vont même jusqu'à exiger l'achat d'un ouvrage personnel auprès d'un libraire bien précis. Or, chacun sait que le ministère rappelle, à chaque début d'année, qu'il est interdit de demander des titres qui ne sont pas recommandés officiellement. Qui respecte cette consigne ?