De la fameuse dictée de Mérimée à la dictée en ligne sur un site électronique, que de chemin parcouru pour apprendre l'orthographe française partout où la langue de Molière est parlée ou écrite. Mercredi dernier, la Cité des sciences de Tunis accueillit l'ultime étape du concours national de la dictée française (session 2009) à laquelle ont pris part 50 élèves représentant 25 directions régionales de l'Education et de la Formation. Mais, dans d'autres villes du pays des concours similaires furent organisés en mars pour célébrer le mois de la francophonie. C'est en fait une tradition qui s'est instituée, depuis des années maintenant, chez nous et dans tous les autres pays francophones. En tout cas, pour valoriser la langue arabe, on n'organise pas autant de manifestations, comme s'il allait de soi que nos jeunes la parlent et l'écrivent correctement. Ce qui n'est pas du tout évident, et les professeurs d'arabe peuvent le confirmer. Pour revenir à la dictée française, cet exercice doit rappeler bien des souvenirs à tous ceux qui l'ont subi au cours de leur scolarité. Et pour être plus précis, l'épreuve de la dictée en français fut le cauchemar de centaines de milliers d'élèves tunisiens. Aujourd'hui, on en voit de moins en moins parmi les enseignants du secondaire qui contrôlent l'orthographe de leurs élèves en proposant des dictées et ce, vous diront-ils, par manque de temps ou bien parce que ce n'est pas inscrit dans les activités recommandées par les programmes officiels. Il semble pourtant que, du côté des inspecteurs, on souhaite le retour à la dictée et à l'autodictée pour permettre à l'élève de réviser autrement l'orthographe, la conjugaison, certaines règles de grammaire française, la prononciation convenable des mots et surtout de comprendre sa « faute ». A l'université, ce ne serait pas une aberration aujourd'hui que d'intégrer cet exercice dans les modules de langue en raison du niveau lamentable des étudiants en orthographe. Un cours magistral, il vaut mieux maintenant l'imprimer et le distribuer sans quoi c'est le massacre pur et simple lors de la prise de notes. La séance serait alors consacrée à la lecture et à l'explication du document polycopié ; c'est assurément la méthode à suivre pour ne pas avoir à corriger au moins cinq fautes par ligne sur les copies de l'examen. On ne travaillait pas ainsi autrefois et le cours était plutôt dicté. Mais l'étudiant d'hier n'avait pas autant de lacunes en français que celui des années 2000 ; il incombe donc aux professeurs de tenir compte de cette donnée déplorable et aux pédagogues de voir comment on pourrait y remédier efficacement et rapidement à l'ère de l'Internet. Solutions sur Internet A ce propos, il existe actuellement un grand nombre de sites sur lesquels on propose toutes sortes de dictées accompagnées de corrigés et d'explications exhaustives sur l'orthographe correcte des mots. Pourquoi ne pas les exploiter dans le cadre d'une activité de la classe ou bien au sein des clubs de l'établissement ? Concevoir des exercices inspirés des logiciels de dictée disponibles en librairie, organiser régulièrement des concours de dictée entre les classes ou entre les écoles et les lycées, faire écrire au tableau les synthèses de leçon par un ou plusieurs élèves, consacrer une séance à l'auto-évaluation des productions écrites remises dans le cadre d'un test ou d'un devoir, fournir aux élèves et en quantités conséquentes des boîtes de jeux de société susceptibles de les aider dans leur apprentissage de la langue, encourager l'utilisation fréquente du dictionnaire et, à cet effet, multiplier le nombre de ces ouvrages de manière à en faciliter la circulation entre les groupes, utiliser les techniques du karaoké pour enseigner et l'orthographe et la prononciation, voici quelques uns des exercices multiples que l'on peut prévoir afin de résoudre totalement ou partiellement les problèmes les plus récurrents dans l'enseignement du français. Le rôle des adultes Mais comme les difficultés relevées se rencontrent aussi dans les classes d'arabe, toutes ces recommandations sont à reconduire pour améliorer le niveau de nos élèves et étudiants dans les mêmes matières. Quant aux parents cultivés et connectés à un réseau électronique, ils peuvent inviter leurs enfants à consulter de temps en temps les sites consacrés à la dictée et jouer avec eux aux exercices interactifs qui y sont proposés. La dictée se transformera de la sorte en activité ludique pour toute la famille et l'ordinateur servira au moins à quelque chose de vraiment utile. Pour faire encore plus jeune et plus branché, on peut demander à son enfant d'écrire les textes de ses clips français, anglais ou italiens préférés et de lui en proposer ensuite le corrigé. Nul besoin d'éprouver les jeunes sur les mots pièges ni sur les chausse-trapes de la langue française. Commencez plutôt par ce qui paraît « fastoche » et élevez le niveau des difficultés au fur et à mesure de l'évolution dans les études. Les adultes eux-mêmes apprendront des règles et des connaissances nouvelles et découvriront leurs propres limites en la matière.