Dans la plupart des écoles et des lycées, les élèves ont souvent cours pendant quatre heures d'affilée, voire cinq à six heures avec seulement une heure de pause Cette année, les emplois du temps du primaire et du collège sont surchargés. Chaque jour, les élèves passent en moyenne cinq à six heures de temps sur leurs pupitres et rentrent en fin de journée, épuisés, trouvant à peine la force de réviser leurs devoirs. Vu son impact sur le rendement des élèves, le rythme scolaire figure parmi les principales composantes du projet de la réforme du système éducatif qui sera revu dans le but de répartir plus efficacement les heures de cours sur l'ensemble de l'année scolaire, ce qui n'est pas une mince affaire. En attendant le passage à des journées scolaires plus allégées, chaque année, les directeurs des établissements éducatifs doivent faire face à un casse-tête chinois; celui d'élaborer des emplois du temps qui «arrangent» les enseignants et qui ne soient pas trop chargés pour les élèves. Pour beaucoup, le combat est perdu d'avance car plusieurs facteurs entrent en jeu : le nombre de salles dans les établissements, le nombre d'enseignants, le nombre de laboratoires, le nombre d'heures pour chaque matière... Ces derniers doivent faire face à un autre problème : ils sont, parfois, obligés au début de la rentrée scolaire de céder aux exigences des enseignants qui veulent modifier les emplois du temps suivant leur disponibilité. Absents de ces négociations qui se font à huis clos dans les bureaux des responsables d'établissements, les écoliers et les élèves sont les grands perdants, et se retrouvent avec de longues journées d'études fastidieuses, qui génèrent un dégoût pour les études. «Si on se réfère aux circulaires éducatives, ils préconisent que l'intérêt de l'élève soit pris en considération avant celui de l'enseignant lors de l'élaboration des emplois du temps, note Hédi, un professeur d'anglais à la retraite. En réalité, c'est l'inverse qui a lieu. Certains enseignants profitent de leurs relations privilégiées avec le directeur de l'établissement scolaire pour aménager leurs emplois du temps comme ils le désirent. Ils exigent même d'avoir une ou deux après-midi de libres pour pouvoir les consacrer aux cours particuliers. Ces petits arrangements débouchent généralement sur des emplois du temps mal aménagés qui comportent deux ou trois matières principales dont les heures se suivent avec une seule heure de pause». Emplois du temps chargés et cartables lourds Institutrice dans une école de la délégation El Amra (gouvernorat de Sfax), Hamida dénonce le rythme scolaire soutenu qui est imposé aux écoliers à partir de la première année primaire. Même s'ils disposent généralement des après-midis, les première et deuxième années ont des journées de classe qui comptent cinq heures de cours à la file. A partir de la troisième année, les journées deviennent plus longues. Les écoliers ont cours de 8h00 à 17h00. «Il est important d'aménager des journées de classe plus souples et mieux organisées pour les élèves du primaire, explique Hamida. La question du rythme scolaire doit impérativement être revue pour les niveaux du primaire. Un élève de première année ne peut pas se concentrer après trois ou quatre heures de classe à la file. C'est très fatigant pour lui. Il en est de même pour les élèves de troisième et de quatrième année primaires. Ces derniers ont classe toute la journée. Ils ne peuvent pas rentrer chez eux et doivent apporter, par conséquent, tous les manuels et les cahiers dont ils ont besoin. Non seulement, ils doivent transporter un cartable qui contient parfois jusqu'à huit manuels et qui est lourd à porter, mais ils n'arrivent, par ailleurs, plus à se concentrer en fin de journée et rentrent très fatigués chez eux». Collèges : zéro activité culturelle Dans les collèges, les journées semblent interminables pour les élèves de septième, de huitième et de neuvième année de base qui se montrent dissipés et indisciplinés en classe. Le volume horaire des cours est dense. La majorité des journées de classe commencent le matin et se terminent en fin d'après-midi avec une heure de pause entre les deux séances. Enseignante dans un établissement éducatif de la banlieue nord de Tunis, Soumaya déplore le fait que les emplois du temps soient mal aménagés. «En ce qui nous concerne, nous, enseignants, nous avons besoin de deux salles supplémentaires pour enseigner. Quant aux emplois du temps, il faudrait mieux répartir les heures de cours pour obtenir un meilleur rendement des élèves. Une mauvaise répartition des heures a une répercussion considérable sur le déroulement des cours. J'enseigne les mathématiques aux élèves de la huitième année de base. J'ai une classe de ce niveau à laquelle je donne cours de 15h00 à 17h00 en milieu de semaine. J'ai remarqué que les élèves ont énormément de mal à se concentrer après avoir eu cours pendant trois ou quatre heures d'affilée». Dans un des collèges de la capitale, le directeur de l'établissement préfère élaborer manuellement les emplois du temps plutôt que d'avoir recours au logiciel prévu à cet effet. Partisan de la séance unique, ce dernier, qui a enseigné la langue arabe pendant de longues années, avant de devenir responsable de l'établissement, pense que les emplois du temps doivent être aménagés de façon à consacrer davantage de temps libre aux activités sportives et culturelles. «Les emplois du temps sont trop chargés. Les élèves passent tout leur temps en classe. Ils ne trouvent même pas le temps de pratiquer une activité qui leur permet de se défouler, d'être créatif, d'évacuer le trop plein de stress... Au lieu de leur faire aimer l'école, nous avons obtenu l'effet inverse. Nous sommes face à des élèves qui détestent l'école et il faut changer cela».