Les campagnes de sensibilisation ne suffisent pas pour instaurer de nouvelles traditions et matérialiser cette volonté d'économiser l'eau de pluie Avec les dernières pluies, il semble que tout soit rentré dans l'ordre. Avant deux-trois ans, nous n'aurons plus ces alertes qu'imposait une sécheresse qui a quand même laissé des traces. Les milliers d'arbres fruitiers détruits faute de pouvoir les arroser, ces gorges sèches qui ont souffert en sont des preuves concrètes. Il n'en demeure pas moins que depuis des semaines, on n'a plus l'occasion de voir le ministre concerné ou les responsables de la Sonede expliquer à ceux qui avaient soif et étaient descendus dans la rue pour demander de l'eau que des «dispositions ont été prises» et que « tout ira mieux dans quelques jours». Les rues barrées par quelques cailloux et par des pneus fumants ne sont plus d'actualité. On se charge plutôt de dégager ces rues et de les nettoyer. De l'eau, on en a à satiété et à tous les goûts. De l'eau parfaitement boueuse ou aromatisée par les débordements des égouts complètement dépassés par les flux, provenant des pluies diluviennes qui se sont abattues sur presque tout le territoire. Des promesses… Au plus chaud de la pénurie, les différents responsables ont envahi les plateaux pour nous expliquer que l'eau doit être économisée. Quelques panneaux publicitaires sont apparus sur les grands axes routiers : «L'eau est précieuse, il faut l'économiser» et d'autres slogans du même genre pour rappeler la préciosité de ce liquide essentiel à la vie de tout être vivant. Les idées n'ont pas manqué et il a même été question d'aider ceux qui se proposeraient de faire construire des bassins pour retenir les eaux de pluie, ces «immajen» qui jadis faisaient partie de presque toutes les maisons et qui permettaient de sérieuses économies d'eau et d'argent. Ce projet, on n'en a plus entendu parler. D'ailleurs certaines personnes nous ont contactés pour nous demander s'il y a eu des dispositions prises en la matière. La pénurie terminée, les barrages en voie d'être remplis, on en reparlera d'ici deux ou trois ans ! Quant aux moyens de faire des économies, la Sonede et le ministère concerné en parlent sans en donner les moyens. Comment économiser l'eau ? Lorsqu'il a été question de faire des économies d'électricité, il y a eu une véritable mobilisation pour remplacer progressivement les lampes à filaments par des lampes économiques. On a commencé par en importer et, maintenant, elles sont sur le marché et tout le monde y a recours de manière automatique, étant convaincu de leur utilité. Aucun moyen Mais pour économiser de l'eau, qu'a-t-on fait ? Pour faire adopter de nouveaux réflexes et coutumes, qu'a-ton prévu pour inciter de manière pédagogique et rationnelle? Rien. Parce que tout simplement ces panneaux, ces spots TV et ces slogans ne suffisent pas pour instaurer de nouvelles traditions et matérialiser cette volonté de faire des économies. Parcourez les villes, les grandes surfaces, les magasins spécialisés et essayez de trouver des robinets munis d'économiseurs d'eau. Vous ne risquerez pas d'en trouver. Ces robinets, à dispositifs mécaniques ou à cellules existent. Ils ont cours dans les pays du Golfe et dans les pays qui ont des problèmes d'eau. Pourquoi ceux qui viennent nous donner des leçons n'ont-ils pas agi pour en mettre sur le marché ? La Sonede devrait se pencher sur cette question et parallèlement à la rapidité de ses interventions pour réparer une fuite (ce n'est malheureusement pas toujours le cas), elle devrait conforter ses conseils par des actions mobilisatrices qui inciteraient ses adhérents à répondre positivement à ses appels à l'économie. C'est dire que toutes ces dispositions énoncées l'ont été sous la pression des événements et des circonstances et non le résultat d'une concertation entre experts et connaisseurs en la matière, réunis pour mettre en place une stratégie. Une stratégie nationale dont le pays a bel et bien besoin. Pour faire des économies, il faut d'abord un minimum de conviction, des moyens pour aider à acquérir de nouveaux réflexes et surtout des équipements appropriés et à la portée des citoyens. Il faudrait aussi mettre en place une stratégie pour éduquer aussi bien le simple citoyen que les grands utilisateurs d'eau tels que les stations-services, les agents municipaux chargés de l'arrosage (on n'arrose pas en pleine canicule, mais le soir en saison chaude), exiger l'emploi d'arbres et de moyens de décoration plus économiques, obligation d'avoir recours à des systèmes de filtration d'eau pour les, etc. C'est ainsi que l'emploi du gazon devrait céder la place à des plantes qui demandent moins d'eau. Revenir à notre bon vieux « cherbabou» n'a rien de ridicule et pourrait nous faire économiser beaucoup d'eau. Les terrains sportifs consomment de grandes quantités d'eau. On a fait évoluer les choses et on a actuellement recours à un gazon mixte, composé de gazon artificiel et de gazon naturel pour un même terrain. C'est dire que la mise en place d'une stratégie ne se limite pas à tenir des réunions sous la pression des événements, mais bien de poser le problème et de l'étudier sous ses différents aspects. On n'en est pas encore là !