René Trabelsi, ministre du Tourisme, de confession juive, une première depuis le premier gouvernement Bourguiba Nida Tounès dans l'opposition Finalement et à l'issue d'un suspense qui n'a que trop duré, Youssef Chahed a rendu, hier, sa copie et a révélé à l'opinion publique la nouvelle composition de son équipe ministérielle. Plusieurs personnalités nationales qui allient la crédibilité à l'expérience et la bonne réputation au rayonnement font leur entrée dans le gouvernement. Et les observateurs qui s'attendaient à ce qu'Ennahdha et la Coalition nationale (le groupe parlementaire présidé par Mustapha Ben Ahmed, considéré comme le noyau du futur groupe de Youssef Chahed) ainsi que Machrou Tounès se taillent la part du lion dans le gouvernement novembre 2018 - novembre 2019 se doivent de réviser leurs calculs. Youssef Chahed vient, en effet, de leur réserver une belle surprise: le nouveau gouvernement renoue avec la belle tradition des équipes ministérielles placées sous le triple signe de la diversité, de l'expérience et de la compétence. Et quand on découvre que René Trabelsi, le chef de la communauté juive tunisienne, fait partie du futur gouvernement, on comprend que Youssef Chahed a fait le choix de la fidélité à l'une des valeurs cardinales sur lesquelles le leader Bourguiba a fondé la Tunisie moderne: offrir l'opportunité à tous les enfants de la Tunisie, quelle que soit leur confession, de servir leur pays et de participer activement à l'édification de son avenir. Youssef Chahed prend exemple sur Bourguiba, le père de la nation, en désignant un citoyen tunisien de confession juive au sein du gouvernement, en considération pour son professionnalisme, son savoir-faire et sa compétences avérée dans son domaine d'activité. Après André Barouche, désigné par Bourguiba en tant que ministre de l'Urbanisme et de l'Habitat au sein du gouvernement où il était Premier ministre d'avril 1956 à juillet 1957, aujourd'hui, c'est René Trabelsi qui aura la charge de redonner au tourisme l'aura et la réputation qui ont fait de la Tunisie l'une des destinations les plus courues dans le monde. Le chef du gouvernement ne s'arrête pas en si bon chemin dans la mesure où il a opté également pour le choix d'hommes et de femmes dont la compétence et le rayonnement sont reconnus sur le plan national à l'instar de Mohamed Fadhel Mahfoudh, l'ancien bâtonnier et l'un des récipiendaires du prix Nobel de la paix pour le compte de 2015 au nom du Quartet du Dialogue national aux côtés de Hassine Abassi, Widad Bouchamaoui et Abdessattar Ben Moussa. C'est le cas également de Kamel Morjane, le diplomate tunisien qui s'est illustré durant de longues années dans les différentes sphères de l'ONU avant de présider à Tunis aux commandes des ministères des Affaires étrangères et de la Défense nationale. Une autre nouveauté : les ministres considérés, à la suite d'une opération d'évaluation de leur rendement, comme défaillants sont remerciés. C'est le cas de Imed Hammami, ministre de la Santé, qui paye la pénurie de médicaments et Majdouline Cherni, la ministre de la Jeunesse et des Sports, qui change les hauts cadres au sein du ministère pour un oui ou pour un non, faisant fi des critères de compétence et de professionnalisme. Quant au départ de Riadh Mouakhar, le ministre de l'Environnement et des Collectivités locales, réputé comme l'un des amis proches du chef du gouvernement, il est à saisir comme une preuve que Youssef Chahed place «l'intérêt du pays au-dessus de toutes les considérations, plus particulièrement celles peronnelles». Quant à Nida Tounès, il se retrouvera dans l'opposition comme ne cessent de menacer son nouveau secrétaire général Slim Riahi et le président de l'Instance politique Hafedh Caïd Essebsi qui assuraient jusqu'à samedi 3 novembre que Nida Tounès est pour la formation d'un nouveau gouvernement, sous la présidence de Youssef Chahed, mais sans la participation d'Ennahdha. Au final, Youssef Chahed a choisi de lâcher les nidaïstes (les responsables de Nida Tounès soutenaient que le chef du gouvernement n'a pris aucun contact avec eux avant d'annoncer le remaniement de son gouvernement) qui se retrouvent dans l'opposition. On attend maintenant ce que les députés vont réserver à la nouvelle équipe ministérielle de Youssef Chahed qui peut compter — comme le soulignent les analystes — sur les voix d'Ennahdha, de Machrou Tounès et du bloc parlementaire «la Coalition nationale», ce qui correspond à une majorité de quelque 115 voix ou un peu plus». Il est à préciser que deux nouvelles femmes intègrent le gouvernement pour remplacer les partantes, Selma Rekik Elloumi et Majdouline Cherni. Ainsi, Saïda Lounissi, ancienne secrétaire d'Etat, réintègre le gouvernement et Sonia Ben Cheikh, qui hérite du ministère de la Jeunesse et des Sports, quitte le palais du Bardo.