«Action citoyenne», une association qui vient tout juste de naître, voulant apporter sa pierre à l'édifice républicain. Démocratie participative, économie solidaire, environnement sain, et bien d'autres soucis de la cité taraudent l'esprit de ses fondateurs, les poussant, parfois, à forcer le trait. Lors de la conférence organisée à l'occasion de son lancement, mercredi dernier à Tunis, son président, médecin chirurgien, Dr Salem Kachboura, a conféré à la notion de citoyenneté une valeur ajoutée. Son ancrage dans les esprits doit systématiquement se traduire par l'action L'idée est venue à l'esprit du Dr Kachboura à propos d'un fait de société : une conscience morale à son plus bas niveau. Une crise de valeurs si manifeste et quasi généralisée. Et le sens d'appartenance banalisé, voire perdu dans les méandres de l'identité aliénée. «On est à une époque où l'on voit chuter notre système de valeurs sociétales. L'Etat étant aux abonnés absents», déplore-t-il. Mais, l'homme reste, quand même, optimiste. Il fait confiance au changement d'attitude et de position, le rôle du citoyen étant de premier plan. Il est même au cœur de l'action. « La Tunisie par nous et pour nous..», étant sa devise et celle de l'association. « Mais, il ne faut pas attendre le Messie…». Selon lui, l'Etat providence n'est plus la solution, tout comme la mentalité d'assisté ne crée pas l'avenir des sociétés. Il a une profonde conviction que le pays ne se relèvera qu'avec la volonté de ses enfants. Ainsi « l'action citoyenne » est bien partie pour se donner un bon élan », résume-t-il, faisant allusion à la plateforme d'idées, déjà, élaborées. Comment convaincre ? Son vice-président, l'ancien syndicaliste à l'Ugtt, M. Kacem Afaya, lui aussi, est parti du vécu des individus, mettant en avant l'apport du citoyen dans l'œuvre du changement. Comment sortir de l'ornière ? De toute façon, les objectifs de l'association sont clairs et précis, écrits noir sur blanc: citoyenneté et son ancrage dans la société, démocratie de proximité, promotion de l'économie sociale et solidaire, ouverture sur le monde et l'universalité des valeurs du travail, de la justice sociale et du développement durable. Lui, membre du bureau chargé des études prospectives sur l'action citoyenne, le philosophe-anthropologue Youssef Seddik intervient sur deux points : la méthode du discours politique pour avoir un sens et l'acte citoyen non comme fatalité. L'essentiel, pour lui, consiste à passer de l'Etat providence à l'Etat citoyen. L'ancien président de l'Association des journalistes tunisiens (AJT) se voit, aujourd'hui, rejoindre le camp des défenseurs de l'action citoyenne. Dans sa brève intervention, il a fait trois remarques : l'indépendance de cette nouvelle association, dans le sens où elle n'a aucune couleur politique. Apolitique, en quelque sorte. L'éducation sur la valeur de citoyenneté et la répartition des activités sur six zones géographiques, couvrant les différentes régions du pays. Reste à savoir si ce nouveau-né associatif aura les moyens de conviction ? Et comment fera-t-elle l'exception par rapport à d'autres associations de même vocation ? Certes, la citoyenneté est une culture qui s'apprend au quotidien.