Les «24 parfums» de Mohamed Ali Kammoun, avec la participation de l'Orchestre symphonique tunisien sous la direction de Mohamed Bouslama, a été présenté samedi dernier au théâtre de l'Opéra à la Cité de la culture de Tunis. En présence de M. Mohamed Zinelabidine, ministre des Affaires culturelles, et Son Excellence Patrice Bergamini, ambassadeur de l'Union européenne en Tunisie, le théâtre de l'Opéra, le Pôle musique et opéra et la délégation de l'Union européenne en Tunisie ont présenté samedi 17 novembre, au théâtre de l'Opéra, les «24 parfums» de Mohamed Ali Kammoun, avec la participation de l'Orchestre symphonique tunisien, sous la direction de Mohamed Bouslama. Dans un théâtre archicomble, Mohamed Ali Kammoun a émerveillé le public par des chants profonds, reflets d'un riche patrimoine puisé dans les 24 régions de la Tunisie, sans en altérer le sens ni les paraboles. Du nord au sud, Mohamed Ali Kammoun a restitué l'âme de la musique traditionnelle tunisienne, dans une démarche anthropologique qui restitue à chaque mélodie, à chaque registre, à chaque danse, parce qu'il y avait aussi de la danse, leurs symboliques festives, spirituelles ou rituelles, avec un art magistral et une attention d'orfèvre. Le spectacle de Mohamed Ali Kammoun est un hymne à la vie, une quête de sens, mais aussi une révérence à un pays extrêmement riche sur le plan culturel. Accompagné par l'Orchestre symphonique, sous la baguette presque magique de Mohamed Bouslama, Mohamed Ali Kammoun a excellé ce soir avec son spectacle «24 parfums» qui a fait le bonheur des jeunes et des moins jeunes au point de les faire danser de joie. Du malouf, au chant de l'Atlas tunisien, en passant par le bédoui et le désert, Kerkennah, Kairouan et Sousse, les «24 parfums» de Kammoun ont dressé le portrait musical d'une Tunisie plurielle, métissée, authentique et résolument ouverte sur la mer et les autres culture du monde. «Salema» qui a fait danser l'artiste, «Lilla bouhalia», «Lommayma», «El bidha», «Sidi Boujaâfar», «Rit ennejma», «Galeb yrid» autant de titres que les voix masculines et féminines ont pu interpréter avec justesse. Des titres représentatives de notre identité que nous avons tendance à oublier parfois dans le vacarme de la standardisation. Du pur bonheur livré avec grand raffinement et beaucoup d'inspiration par un artiste qui sait ce qu'il fait et où il va. Sur le plan scénographique, le spectacle était accompagné de projections de dessins du grand designer graphique Raouf Karray qui fusionnent avec l'esprit de chacune des suites, en lui conférant du volume visuel en guise d'allégorie. Des dessins qui font partie intégrante du spectacle et qui reflètent eux aussi la richesse et la diversité de notre patrimoine national, marqué par les emprunts et les brassages avec d'autres cultures proches et lointaines. Les œuvres du spectacle parlent toutes d'amour, et dressent au final un portrait sonore et visuel, authentique et contemporain, de la Tunisie en hommage à toutes ses régions. Elles retracent aussi les chemins aujourd'hui invisibles de la transhumance qui a permis aux chants de circuler d'un endroit à un autre en puisant à chaque halte de nouvelles modalités, de nouveaux airs qui sont le reflet de l'âme de ce peuple qui sait dire en chants et en danses ses maux et ses joies. Mohamed Ali Kammoun nous a retranscrit ce qui a été gravé dans le palimpseste de notre identité, mais en y ajoutant sa touche de créateur qui a conféré à l'œuvre une dimension toute particulière qui va permettre aux chants profonds de la Tunisie de poursuivre leur voyage à travers le temps, en s'adaptant à chaque époque sans perdition ni déformation.