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«Il faut limiter la vitesse près des établissements scolaires» Entretien avec Afef Ben Ghenia, Présidente de l'Association des Ambassadeurs de la Sécurité Routière
La recrudescence des accidents mortels semble manifeste. L'an dernier, on évoquait une moyenne de quatre tués par jour sur les routes de Tunisie. Ce constat ne semble pas avoir changé. La mortalité au volant a repris de plus belle. Suite à la victoire de l'Espérance Sportive de Tunis, le vendredi 9 novembre, trois supporters de l'équipe de la capitale sont décédés suite à un accident de la route. Un enfant est mort mardi dernier fauché par un camion à Tabarka. Jeudi 15 novembre, on a comptabilisé deux morts dans un autre accident à Sidi Bouzid. La veille, quatre morts dans un énième drame routier. Mme Afef Ben Ghenia de l'Association des ambassadeurs de la sécurité routière a dévoilé les quatre vérités du grand malaise qui touche nos route. Nous ne sommes pas sortis de l'auberge en matière de sécurité routière avec un taux de mortalité sur les routes qui semble se maintenir au même rythme. Pouvez-vous le confirmer ? Les chiffres confirment vos dires. En septembre 2018, on a enregistré 97 morts et en octobre 2018, 95 morts. Du 1er jusqu'au 16 novembre, on déplore déjà 41 morts. Chaque jour, des vies sont perdues sur nos routes suite à ce fléau des accidents de la route. Des chiffres alarmants traduisent la gravité des accidents qui ne cessent d'augmenter. A titre indicatif, le 14 novembre on a enregistré 10 accidents qui ont causé la mort de 8 personnes. Cette cadence de la mortalité qui ne cesse d'augmenter devient effrayante, la route est devenue dangereuse. L'insécurité y est élevée. On risque d'y perdre la vie à n'importe quel moment. On peut remarquer que le contrôle sur le terrain et les contraventions n'ont pas eu l'effet escompté sur la baisse de la mortalité routière pour certaines raisons connues et d'autres méconnues. Qu'en pensez-vous ? On a beau répéter que la sensibilisation en matière de sécurité routière ne peut donner de résultats que s'il y a l'application de la répression en parallèle, rien n'y fait. Nous avons bataillé pour la mise en vigueur de l'obligation de la ceinture dans les sièges avant et arrière, car on a cru et on croit encore que cela peut sauver des vies et diminuer la gravité des accidents de la route, sans grand résultat. Malheureusement depuis avril 2017, la loi est applicable juste pour les sièges avant. Au démarrage, on a pu enregistrer des chiffres positifs quant à la diminution du nombre des morts mais le contrôle et la répression n'ont pas été à la hauteur de nos attentes. D'ailleurs, on voit bien maintenant que les routes sont remplies de conducteurs et passagers à l'avant qui ne mettent pas leur ceinture de sécurité et qui circulent sereinement en plein centre-ville. Cela sans oublier le report de la mise en vigueur de la loi relative à l'obligation du port de la ceinture dans les sièges arrière qui ne peut être que la cause de la perte de plus de vies sur nos routes. Notre position est bien claire pour mettre fin à ces tragédies quotidiennes sur nos routes. Il faut une volonté politique qui implique toutes les instances concernées afin d'agir opérationnellement et non occasionnellement face à cette problématique, car les causes des accidents de la route sont bien connues même par un simple usager de la route qui pourrait les énumérer. Le problème qui se pose requiert des solutions adéquates et cela nécessite une stratégie cohérente qui doit se traduire par une volonté gouvernementale claire et un engagement sérieux pour rendre nos routes plus sûres. Quel impact attendez-vous cette année de la Journée mondiale de la prévention routière ? La portée de cette initiative ambitionne d'éveiller la conscience de nos politiciens face aux vies perdues sur nos routes. A l'occasion de la Journée mondiale du souvenir des victimes de la route commémorée le 18 novembre dernier, le thème choisi cette année porte sur «les routes ont des histoires». Les ambassadeurs de la sécurité routière ont choisi cette année de mettre l'accent sur la protection de nos enfants, en criant haut et fort le message suivant «réduisez la vitesse à 30 KM/H aux alentours des établissements scolaires». Car les accidents de la route coûtent également la vie à nombre d'enfants encore plus jeunes. Chaque jour, 500 enfants dans le monde trouvent la mort sur le chemin de l'école, en Tunisie 89 enfants âgés entre 0 et 14 ans ont perdu la vie et 907 ont été blessés sur la route l'an dernier selon les statistiques officielles. Les accidents sont des événements soudains, violents et traumatisants et leurs conséquences sont durables, souvent définitives. Chaque année, des millions de personnes sont blessées ou plongées dans le deuil dans tous les coins du monde. Le chagrin et la détresse de ces gens sont d'autant plus intenses que de nombreuses victimes sont jeunes et que beaucoup de ces accidents auraient pu être évités. De plus, les accidentés ont souvent le sentiment qu'ils ne reçoivent pas un soutien approprié aux circonstances. Nous pleurons les victimes d'accidents de la route, nous consolons leurs familles et amis endeuillés. Lors de cette journée, les ambassadeurs de la sécurité routière ont voulu attirer l'attention du grand public, des médias, de nos politiciens et de toutes les parties concernées sur l'ampleur des dégâts émotionnels et économiques causés par les accidents de la route, et de rendre hommage aux victimes. Cette Journée du souvenir répond donc à un grand besoin des victimes de voir leur perte et leur douleur entendues et reconnues. En cette Journée mondiale du souvenir des victimes des accidents de la route, engageons-nous une fois de plus à rendre nos routes plus sûres pour tous. Même si les véhicules doivent ralentir, la lutte mondiale contre les accidents de la route doit, elle, s'accélérer !